Crise politique en Corée du Sud : Samsung pris dans une affaire de corruption
Le scandale politico-financier qui secoue la Corée du Sud n’épargne pas Samsung, dont l’héritier présomptif est suspecté de corruption.
Le scandale de corruption qui frappe la présidente sud-coréenne Park Geun-hye déteint sur Samsung.
Lee Jae-yong, qui assure la direction opérationnelle du conglomérat en remplacement de son père Lee Kun-hee affaibli par un arrêt cardiaque, est sous le coup d’un mandat d’arrêt.
La justice sur place doit encore valider la requête émise dans ce sens par Park Young-soo.
L’intéressé supervise l’enquête lancée au mois de novembre contre Park Geun-hye et sa confidente Choi Soon-sil sur fond de chamanisme. Il estime, d’après le New York Times, disposer de suffisamment de preuves attestant de l’implication de Samsung dans ce dossier.
Meurtres et chamanisme
Pour mieux saisir les faits reprochés au conglomérat, il faut remonter en arrière, jusque dans les années 1970. À l’époque, Park Geun-hye fait ses études d’ingénieur.
Fille aînée du dictateur Park Geun-hye installé au pouvoir depuis 1963, elle n’a que 22 ans quand elle apprend, en 1974, le décès de sa mère, tuée d’une balle dans la tête par un Coréen du Sud qui projetait d’assassiner le président.
Peu après, elle fait la connaissance d’un certain Choi Tae-min. Celui-ci se présente comme le fondateur de « L’Église de la vie éternelle » (religion mêlant bouddhisme et catholicisme). Il affirme, comme le narre le Korea Times, avoir pu, dans un rêve, entrer en contact avec la défunte.
Des liens se nouent avec le gourou. À sa mort en 1994, sa fille Choi Soon-sil devient le « guide spirituel » de Park Geun-hye.
C’est là que débute la relation à laquelle s’intéresse Park Young-soo. Choi Soon-sil aurait profité de son amitié avec Park Geun-hye – élue démocratiquement à la tête du pays en 2012 – pour contraindre des groupes industriels à verser de grosses sommes d’argent à des fondations créées par ses soins.
On parle d’un montant global avoisinant les 70 millions de dollars. Samsung et ses filiales auraient apporté près d’un quart de cette somme. Sans compter diverses aides fournies par exemple à une société de management du sport que Choi Soon-sil avait établie en Allemagne (montant du chèque : 18 millions de dollars).
Liaisons dangereuses ?
Interrogé le mois dernier par le Parlement sud-coréen, Lee Kun-hee a laissé entendre qu’il s’agissait d’une extorsion.
Park Young-soo n’est pas de cet avis : il assure que Lee Kun-hee a lui-même ordonné les paiements en question. En échange de quoi le gouvernement a favorisé la passation de pouvoir, au sein de Samsung, avec Lee Jae-yong. Notamment en facilitant la fusion de deux entités du groupe.
L’opération a été supervisée par la caisse de retraite nationale, que préside actuellement Moon Hyung-pyo… lui aussi inculpé pour avoir, lorsqu’il était ministre de la Santé, fait pression sur le gouvernement pour faciliter la fusion.
Plusieurs actionnaires, dont le fonds activiste Elliott Management, avaient tenté de bloquer la transaction, considérant qu’elle pénalisait les petits porteurs en sous-évaluant la valorisation d’une des entités à fusionner (en l’occurrence, Samsung C&T).
Le 9 décembre 2016, le Parlement a voté la destitution de Park Geun-hye. Le destin de la présidente est désormais dans les mains de la Cour constitutionnelle, qui elle seule a le pouvoir d’entériner cette révocation.
Crédit photo : Samsung Tomorrow