Tripoli, mon amour
Le 27 octobre dernier, à l’occasion de l’annonce des résultats financiers trimestriels de France Telecom – Orange, le directeur financier Gervais Pélissier annonçait que le groupe voudrait participer à la reconstruction des réseaux télécoms en Libye.
France Telecom connait bien le marché libyen. Sofrecom, sa filiale à 100% spécialisée dans le conseil, a travaillé non seulement pour le compte de LPTIC – Libyan Post Telecommunications & Information Technology Company – dans le cadre du déploiement d’un réseau NGN sur l’ensemble du pays, mais aussi pour l’opérateur mobile Almadar, dont le propriétaire était le fils ainé du Colonel Kadhafi.
Dans le magazine Jeune Afrique, Jacques Moulin, Président de Sofrecom, indiquait sa volonté d’intervenir de nouveau en Lybie…
Au travers d’une structure financière, la Libye a investi massivement en Afrique ces dernières années : la LAP (Libyan Africa Portfolio).
Récemment, l’ensemble de ces investissements dans le secteur des télécoms ont été unifiés sous la bannière « Green Network » pour rivaliser avec le « réseau rouge » de Vodafone, Orange, NTM ou Bharti-Airtel , qui sont les quatre autres acteurs majeurs en Afrique.
« Green Network » est présent en Sierra Leone (Ambitel), au Tchad avec Sotel, en Zambie (avec 75% de Zamtel), au Soudan Sud (Gemtel), mais aussi en Ouganda (Uganda Telecom), en Côte d’Ivoire (Exoricel) où France Telecom est déjà présente.
Ses activités ont été mises à mal par le conflit et les blocus financiers. Sa situation est très fragile notamment en Côte d’Ivoire.
Au Rwanda (Rwandatel), le gouvernement a retiré sa licence mobile et au Niger, le non-versement des fonds nécessaires à la finalisation de la reprise de l’opérateur historique Sonitel et de la filiale mobile SahelCom, a conduite Niamey à annuler l’accord au mois de juin.
La situation au Togo semble confuse. Green Network était également en lice pour des licences en Gambie et au Bénin.
Ces investissements ayant été plus politiques qu’économiques, le processus de vente semble déjà avoir été entamée.
Libyan Investment Authority (LIA) est un fonds souverain créé en 2006 et alimenté par les recettes pétrolières, avec des actifs estimés entre 50 et 70 milliards de dollars.
Elle possédait une participation significative au capital de France Telecom, plus de 1% en 2010 selon l’agence Ecofin. Faut-il voir dans la volonté de France Telecom de racheter pour 800 millions d’euros d’actions l’occasion de sortir un actionnaire par le passé encombrant ?
Tous ces sujets ont dû être au centre des échanges que France Telecom a ouvert avec le gouvernement libyen, notamment à l’occasion du voyage des 80 chefs d’entreprises emmenés par le secrétaire d’Etat Pierre Lellouche mi-octobre.
Il est vrai qu’il y a là pour France Telecom une opportunité à compléter le maillage de son implantation en Afrique.
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