Croc-Crozier (7) : Dividendes des opérateurs, Commission européenne et données personnelles

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Nouvelle chronique de Sébastien Crozier (expert télécoms-TIC, conseiller prud’homal, syndicaliste chez FT-Orange…). Découvrez sa plume incisive et son regard décalé sur l’actu.

Dividendes des opérateurs : la fin d’un mythe

Telefonica vient d’annoncer que pour l’exercice 2012, le dividende actuel d’1,75 euro par action ne pourra pas être maintenu et qu’il proposerait un dividende de seulement 1,5 euro, dont 0,2 euros en actions.

L’opérateur espagnol a peu souffert du gonflement de la bulle Internet car, à l’inverse de France Telecom ou Deutsche Telekom, il ne s’était pas lancé dans une série d’acquisitions au montage financier hasardeux.

Telefonica avait seulement racheté Endemol, célèbre pour avoir lancé Loft Story en France… et revendue d’ailleurs à perte en 2007.

Ce sont plutôt ses acquisitions de la branche sud-américaine de South Bell en 2004 et de 02, la filiale mobile de British Telecom début 2006, qui ont fait gonfler son endettement , mais c’est ainsi qu’il est devenu un opérateur leader en Europe et réalise un chiffre d’affaire mondial de 57 milliards…soit près de 20% supérieur à celui de France Telecom.

Mais la politique de dividendes élevés conjuguée à ces acquisitions l’ont aujourd’hui conduit à un endettement de près de 55 milliards, auquel Telefonica n’est plus en mesure de faire face.

Le paiement du dividende représente une sortie de cash de 7,8 milliards d’euros, c’est-à-dire la totalité de son excédent annuel de trésorerie et plus que son bénéfice d’exploitation… Toute ressemblance avec France Telecom serait naturellement fortuite.

Avec cette annonce, c’est près de 2 milliards qui ne seront pas à sortir et qui permettront peut-être à Telefonica d’éviter les cessions d’actifs. Mais rien n’est moins sûr…

Certains analystes financiers parlent d’ un « véritable électrochoc pour le secteur ». Pourtant, Deutsche Telekom avait déjà annoncé il y a quelques mois la baisse de son dividende de près de 10%.

Les analystes financiers auraient-ils une mémoire de poisson rouge ?

Le marché des télécoms devient mature, la croissance en Europe se ralentit, les taxes se multiplient, la réglementation vient rogner les marges.. . Autant d’éléments qui dégradent la performance économique des opérateurs historiques et qui leur imposent de renoncer à une politique court- termiste exclusivement financière.

Le deuxième actionnaire de France Telecom que sont les personnels, réclament maintenant depuis 2 ans la baisse du dividende, et son paiement en actions, libérant ainsi du cash pour se désendetter et donner les moyens à leur entreprise d’investir dans la croissance de demain. L’Etat principal actionnaire s’y refuse…

Ni Google, ni Apple ne versent de dividendes. Chacun d’entre eux possède sur son compte en banque de quoi racheter un Telefonica, un France Telecom ou un Deutsche Telekom dont la capitalisation tourne autour de seulement 30 milliards d’euros.

Ne doutons pas que le jour où l’ensemble des opérateurs historiques arrêteront leur politique de versements de dividendes extravagants, et investiront de nouveau, les analystes financiers applaudiront et n’hésiteront pas à paraphraser la célèbre phrase d’Edgar Faure : « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent… »

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