Souvent présenté comme une solution de financement alternative pour les porteurs de projets qui ne peuvent fournir les garanties de succès ou de remboursement requises dans le système bancaire classique, le crowdfunding reste un exercice délicat dont la conception et la pratique doivent être appréhendés avec prudence.
C’est l’un des principaux enseignements à tirer d’une étude – document PDF, 64 pages – publiée fin novembre par l’Observatoire Alptis de la protection sociale, avec la contribution d’Arnaud Poissonnier, fondateur de Babyloan (microcrédit solidaire).
Dans l’absolu, le crowdfunding semble pouvoir « promettre des opportunités pour l’action individuelle ». Mais au vu du peu de données fiables dont on dispose à l’heure actuelle*, il convient de tempérer l’enthousiasme de ses défenseurs, qu’il s’agisse des pouvoirs publics ou des exploitants de plates-formes en ligne. Plus encore dans un contexte de crise économique persistante où de tels outils pourraient être trop rapidement considérés comme un antidote miracle.
Pour resituer l’évolution du phénomène, on s’appuiera sur les statistiques communiquées par Massolution, cabinet spécialisé dans l’implémentation et le conseil autour des solutions de crowdsourcing (dont le crowdfunding est une ramification) : en 2015, le financement participatif sur les plates-formes Web 2.0 devrait brasser 34,4 milliards de dollars, contre 16,2 milliards en 2014.
En France, le montant total des levées ressort à 154 millions d’euros sur l’année 2014, selon l’université de Cambridge. Soit deux fois plus qu’en 2013 (76 millions d’euros). Le modèle du prêt domine (80 millions d’euros), suivi du don avec contrepartie (35,4 millions) et de l’investissement en capital (18,9 millions) – voir pages 22 et 23 pour le détail des plates-formes prises en compte.
La réflexion d’Alptis s’est concentrée sur le crowdfunding à l’échelle des travailleurs indépendants et des micro-entrepreneurs, avec une question centrale : entre porteurs de projets et contributeurs, qui gagne quoi ?
Parmi les obstacles identifiés, la quasi-impossibilité, pour les investisseurs, de contrôler la faisabilité des projets avant et pendant les levées de fonds. De fonds dont la sécurisation n’est par ailleurs assurée que pendant les campagnes, « aucun contrôle [n’étant] réalisé pour s’assurer que l’argent est utilisé comme prévu ».
Autre problématique : dans un contexte de forte concurrence, les plates-formes de crowdfunding tendent à assouplir leurs conditions d’accès, faisant croître le risque de voir émerger des projets non réalisables, voire de fraudes (à l’exception notable de quelques acteurs associés plus spécifiquement au financement d’entreprises, comme Unilend).
Alptis constate également la structuration des plates-formes autour d’une expérience communicante « qui ne permet pas de rentrer [sic] dans le détail de la réalisation des projets ». En l’occurrence, une présentation informelle, centrée sur l’argumentaire personnel et émotionnel (logique BtoC), normalisant la relation entre le porteur du projet et sa communauté.
« Ce qui compte n’est pas tant la nature du projet que la nature du créateur de projet », résume Vincent Ricordeau, fondateur de KissKissBankBank (dons avec contrepartie), hellomerci (prêts solidaires) et Lendopolis (prêts aux PME).
À défaut d’une quelconque obligation légale, les plates-formes de crowdfunding se contentent généralement, pour l’heure, de spécifier aux investisseurs qu’il leur appartient de vérifier la viabilité des projets, en étant conscients du probable manque d’expérience entrepreneuriale de leurs interlocuteurs.
Du côté des entrepreneurs, lancer une campagne de crowdfunding implique d’acquérir par soi-même de nouvelles compétences étrangères à celles de l’entrepreneur classique, afin de gérer un financement rapide.
Se pose aussi la question de la gestion des fonds : comment calculer les coûts nécessaires à la réalisation des projets, en incluant des variables comme les frais de port ou l’imposition (laquelle a longtemps été dans un flou juridique en France) ?
Certaines plates-formes ont monté des tutoriels pour répondre à ces enjeux, mais en aucun cas la formation n’est à leur charge.
Alptis aborde aussi les considérations en matière de régulation et de protection du travailleur. C’est à lui de fixer ses conditions d’exercice. Un sorte d’improvisation constante qui « peut entraîner des dérives assez importantes avec un risque d’exploitation de soi conséquent » sans toujours en mesurer les risques.
* Pour illustrer le manque de données à disposition, Alptis évoque le cas de hellomerci, qui annonce un taux de remboursement de 100 %, mais sur un échantillon de 15 projets, pour plus d’une centaine en cours. Ou encore le cas d’Unilend, qui n’affiche que 2,05 % d’incidents de remboursement à date, mais avec seulement 1,5 million d’euros restitué sur les quelque 11,4 millions empruntés.
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