La structuration dans le secteur du financement participatif en France s’est accélérée depuis l’entrée en vigueur, fin 2014, d’un cadre réglementaire.
Ce constat, CompinnoV (agence de conseil en innovation) l’établissait en septembre dernier dans le cadre de son pointage semestriel réalisé pour le compte de l’association Financement Participatif France, qui fédère depuis 2012 l’écosystème du crowdfunding dans l’Hexagone.
La tendance s’est confirmée ces derniers mois et avec elle, une différenciation plus marquée des canaux que sont le prêt (rémunéré ou non), l’investissement (en capital ou en royalties) et le don (avec ou sans contrepartie).
Les trois modèles coexistent comme des maillons complémentaires dans une chaîne de financement qui a drainé, en 2015, près de 297 millions d’euros, dont 163 millions au cours du 2e semestre… soit plus que sur toute l’année 2014 (152 millions d’euros).
Il faut dire que le cercle des plates-formes agréées et actives s’est élargi : alors qu’elles étaient 46 à participer au baromètre il y a un an (et 52 il y a un semestre), elles sont 66 pour cette nouvelle édition ; 25 fonctionnant sur le principe du don (21 avec contreparties), 14 sur le mode de l’investissement (12 en capital, 2 en royalties) et 27 en tant qu’intermédiaires de prêt (rémunéré pour 14 d’entre elles ; sous la forme d’obligations pour 11 d’entre elles).
Entre 2013 et 2014, la plus forte croissance en termes de fonds recueillis était à mettre à l’actif de l’equity (investissement en capital ; + 146 % d’une année sur l’autre, à 25 millions d’euros).
Cette fois-ci, c’est le crowdlending (prêts aux particuliers et aux entreprises) qui affole les compteurs, drainant 196,3 millions d’euros de fonds (+ 122 %), dont 169,1 millions pour le prêt rémunéré (137,5 millions en direction des particuliers ; 31,6 millions vers les entreprises), 24,1 millions en obligations et 3,1 millions en non rémunéré.
La progression est moins forte pour l’equity (50,3 millions d’euros sur l’année, dont 50,1 millions en capital et 220 000 euros en royalties), qui arrive néanmoins au niveau du don (50,2 millions d’euros, dont 41,9 millions avec récompenses et 8,3 millions sans contrepartie). Ce dernier segment restant le moteur de la découverte du crowdfunding par le grand public : plus de 80 % des investisseurs recensés en 2015 y ont eu recours.
Signe d’une diversification du public de souscripteurs, le ticket moyen baisse sur l’investissement en capital (de 4 470 euros en 2014 à 4 342 euros en 2015) tandis que le montant moyen des collectes augmente (de 376 733 euros en 2014 à 448 460 euros en 2015).
La tendance n’est pas tout à fait la même pour le prêt : en 2015, le montant moyen de la levée sur du rémunéré (hors prêt aux particuliers non affecté) atteint 224 152 euros, avec un ticket moyen de 426 euros. Un an plus tôt, on en était respectivement à 65 448 euros et 561 euros.
Les indicateurs sont plus stables sur le don, avec un ticket moyen tournant toujours autour des 60 euros (62 euros pour les projets avec contreparties) et des campagnes dans les 3 000 à 4 000 euros en moyenne.
Au niveau des classes d’âge, c’est très réparti. Les plus actifs restent globalement les 35-49 ans (39 % des souscripteurs sur le segment equity ; 34 % dans le prêt ; 30 % pour le don). Les 18-24 ans sont particulièrement actifs dans le don (14 % des souscripteurs), quand les plus de 50 ans se tournent majoritairement vers l’investissement (40 % des souscripteurs).
Si les particuliers représentent désormais 50 % de la clientèle du prêt (contre 39 % il y a un an), le don sans récompense ne concerne toujours quasiment que des associations (99 %), tout comme l’investissement ne touche presque que des entreprises.
Un élément à ne pas oublier pour ces porteurs de projets : les frais prélevés par les plates-formes sur lesquelles ils s’exposent. On va de 0,19 % pour le don sans récompense à 9,75 % pour les royalties en passant par des taux de 3,7 % pour le prêt rémunéré et 7,3 % pour l’equity.
Crédit photo : Miriam Doerr – Shutterstock.com
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