Crowdfunding : le marché se structure en France
Compinnov estime que le financement participatif a drainé, tous canaux confondus, plus de 150 millions d’euros en France sur l’année 2014. Décryptage.
Avec plus de 20 000 projets mis en ligne et 152 millions d’euros collectés via les principales plates-formes agréées, le crowdfunding a pris une nouvelle dimension en France sur l’année 2014.
C’est le principal enseignement à tirer du bilan établi par le cabinet de conseil Compinnov pour le compte de l’association Financement Participatif France, qui fédère depuis 2012 l’écosystème français du crowdfunding.
Le rapport (document PDF, 2 pages) synthétise les données recueillies auprès de 46 plates-formes en activité, 12 d’entre elles étant spécialisées dans la prise de participation au capital d’entreprises ; 9, dans le prêt (généralement rémunéré) et 20 dans le don (souvent avec contreparties).
La plus forte croissance entre 2013 et 2014 est à mettre à l’actif de l’investissement en capital : + 146 % de fonds drainés, à 25,4 millions d’euros. Dans le même temps, le volume double presque pour les dons : 38,2 millions d’euros, dont 33,5 millions pour le don avec récompenses. Il augmente presque autant pour le prêt : + 84 %, à 88,4 millions d’euros, dont 76,6 millions en prêts non affectés (que l’emprunteur peut utiliser à sa convenance).
C’est dans le capital que le montant moyen des levée de fonds est le plus élevé : 376 733 euros, contre 65 448 euros pour le prêt rémunéré (1326 en non rémunéré) et 3477 euros pour le don avec récompenses (2858 euros sans contrepartie).
Quasiment tous les porteurs de projets qui optent pour un système de dons sans récompenses ou de prêt parviennent à leurs fins, généralement parce que les sommes recherchées sont d’une moindre importance par rapport aux campagnes basées sur l’émission d’actions ou d’obligations (54 % de réussite) et sur le don avec récompenses (54 %).
Depuis 2008 et le lancement des premières plates-formes, 64 500 projets ont été mis en ligne et 1,3 million de personnes ont participé à l’essor du crowdfunding. La majeure partie sont âgés de 35 à 49 ans (46 % le sont sur l’investissement au capital ; 41 %, sur le prêt ; 34,5 %, sur le don). Le ticket moyen est plus élevé sur le capital (4470 euros) que sur le prêt (561 euros en rémunéré ; 87 euros en non rémunéré) et le don (62 euros avec récompenses ; 58 euros sans contrepartie).
La typologie des investisseurs évolue, tout comme celle des porteurs de projets. 98 % de ceux qui lancent des campagnes basées sur l’investissement en capital sont des entreprises. Les particuliers constituent encore 39 % de la clientèle du prêt. Les associations sont surreprésentées (99,3 %) dans le don sans contrepartie. Les profils sont plus variés pour les campagnes avec récompenses : 14 % d’entreprises, 59 % de particuliers et 27 % d’associations.
Le don sans contrepartie se répartit plus ou moins équitablement entre les projets de solidarité (40 %), culturels (30 %) et dans le domaine de la santé ou de l’environnement (30 %). Le don avec récompense concerne essentiellement les biens et services culturels (73 %). Le secteur du commerce et des services est le plus représenté dans le prêt (78 %), mais aussi dans le capital (43 %, contre 25 % pour la technologie).
Le cadre légal étant désormais clairement déterminé depuis l’entrée en vigueur – le 1er octobre 2014 – de l’ordonnance relative au financement participatif, il est fort probable que l’essor du crowdfunding se poursuive cette année.
D’autant plus que la marge est importante, à en croire ce sondage mené par les organisateurs du Salon des Entrepreneurs : seuls 7 % des Français auraient déjà donné, prêté ou investi de l’argent sur une plate-forme dédiée. Potentiellement, une frange de 10 % de la population majeure serait prête à contribuer à l’essor du financement participatif.
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