Ramification de l’économie de partage au même titre que la production collaborative via les fab labs, le crowdfunding représente, pour les ménages, les entrepreneurs et les créateurs, une nouvelle façon de financer leurs projets sur Internet, en faisant appel à d’autres internautes.
Axe majeur des « 40 propositions pour l’innovation » formulées en 2013 par le gouvernement Ayrault, ce mode de financement participatif prend trois formes : le don avec ou sans contrepartie en nature, le prêt – aux particuliers comme aux entreprises – et la souscription de titres. En 2013, il a drainé entre 50 et 70 millions d’euros sur une trentaine de plates-formes agréées.
Mardi soir, Bpifrance et WiSEED, un spécialiste du crowdfunding, organisaient justement un focus sur le sujet dans la cadre d’un évènement sur Paris.
Bien que le marché soit encore en phase de structuration, la Banque publique de l’investissement y entrevoit un maillon incontournable de la chaîne de financement aux côtés des business angels et des accélérateurs. Elle compte en faire un axe fort de la relance économique grâce à la transparence de l’épargne et à son utilisation au service de l’économie réelle, mais aussi à la simplicité des produits de crédit, généralement proposés à des taux plus avantageux que dans les banques privées.
A la tête de la Direction Innovation de Bpifrance depuis avril 2013, Paul-François Fournier prend en charge le volet crowdfunding au sein d’une activité plus large : le financement de projets innovants portés par des start-up ou des PME, ainsi que le soutien financer à des projets collaboratifs de développement ou d’acquisition de technologies.
Des courts investissements minoritaires à l’obtention de garanties auprès des banques privées, Bpifrance se veut « une banque de levier ». Née en 2013 de la fusion d’Oséo, de CDC Entreprises et du Fonds stratégique d’investissement, elle s’est fixé un objectif d’accompagnement des sociétés de leur phase d’amorçage jusqu’à la stabilisation du capital en passant par le soutien à la croissance (capital-risque et développement, cofinancement) et l’internationalisation via le crédit export.
En 2013, elle a pris 500 participations directes et contribué au financement de 3210 projets innovants, à hauteur de 10 milliards d’euros en crédits, 8 milliards en garanties de concours financiers et 2 milliards en equity direct ou indirect. C’est dans cette catégorie qu’entre le crowfunding, soutenu notamment à travers TousNosProjets.
Lancé en septembre 2013 dans le cadre des Assises de la finance participative, ce portail géré par Bpifrance a vocation à fédérer les acteurs français du crowdfunding en offrant un point d’entrée unique pour les particuliers qui souhaitent investir dans des projets. Il regroupe actuellement une quinzaine d’opérateurs… dont WiSEED. Cette SAS basée à Toulouse a inauguré, le 15 juin 2009, la « première plate-forme d’equity crowdfunding au monde », selon son président et cofondateur Thierry Merquiol.
Depuis lors, le service, géré par un effectif de 8 personnes à temps plein, a brassé 7,8 millions d’euros investis dans 36 start-up. Sur les mille dossiers déposés en 2013, quinze ont été sélectionnés et dix financés, à hauteur de 3,6 millions d’euros. Le ticket moyen s’est élevé à 2500 euros, soit six fois moins que l’investissement du business angel « lambda ».
En 2014, Thierry Merquiol compte franchir le seuil des 20 000 euros souscrits par jour, contre 14 000 actuellement. Il considère que « cette année sera l’année zéro du crowdfunding, pour de multiples raisons tant politiques que réglementaires« . Et de mentionner l’entrée en vigueur, le 1er juillet prochain, de « l’ordonnance crowdfunding ».
Présenté en février par Fleur Pellerin (alors ministre chargée des PME de l’Économie numérique), ce nouveau cadre réglementaire s’apparente à une « thérapie de choc ». Il lève plusieurs barrières administratives conditionnant la contribution des particuliers depuis un site de crowdfunding labellisé.
L’opération ne requerra plus la communication préalable de données à l’administration, concernant notamment les revenus et le patrimoine du prêteur. Quant aux entreprises, elles pourront lever des fonds sans rendre de comptes à l’Autorité des marchés financiers. Enfin, le prêt rémunéré sera ouvert aux particuliers, jusqu’à un million d’euros par projet (le plafond était auparavant fixé à 100 000 euros, à moins de se plier à des procédures légales), à concurrence de 1000 euros par prêteur.
(lire la suite de l’article en page 2 : Le crowdfunding par l’exemple WiSEED)
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