Crowdfunding : opération sauvetage pour la Grèce sur Indiegogo
La campagne de financement participatif lancée cette semaine pour aider la Grèce rencontre un certain succès. Mais elle a peu de chances d’aboutir.
Thom Feeney en est persuadé : « Les Européens sont généreux dans l’ensemble, à part peut-être M. Cameron et Mme Merkel. »
Ce Britannique de 29 ans, employé dans un magasin de chaussures, fait l’actualité ces derniers jours. Et pour cause : il est à l’origine d’une campagne de financement participatif inédite lancée dans la nuit de lundi à mardi sur Indiegogo.
L’objectif est ambitieux : recueillir, en sept jours, les 1,6 milliard d’euros que la Grèce devait théoriquement verser au FMI avant le 30 juin 2015 – le pays est en défaut de paiement depuis lors.
Des milliers d’internautes se sont abonnés au compte Twitter lancé pour l’occasion. Vers 11 heures du matin ce mercredi, plus de 600 000 euros avaient été collectés, auprès de quelque 37 000 personnes.
D’après Thom Feeney (qui a mis 10 euros au pot), l’opération serait un succès si chacun des 503 millions de citoyens européens investissait un peu plus de 3 euros ; somme en échange de laquelle les « backers » recevront une carte postale du Premier ministre grec Alexis Tsipras.
Parmi les autres contreparties, on notera une salade olives-feta pour 6 euros, une bouteille d’ouzo pour 10 euros et du vin grec pour 25 euros. Personne n’a encore choisi le ticket à 1 million d’euros, auquel est associé « beaucoup de gratitude de la part des citoyens européens et du peuple grec ».
Peu d’espoir malgré la feta
Belle vitrine pour le crowdfunding, cette opération sauvetage a peu de chances d’être couronnée de réussite : dans l’absolu, il faudrait collecter près de 3000 fois plus d’argent pour atteindre l’objectif en temps voulu.
C’est sans compter les échéances suivantes : la Grèce devra, sur l’année 2015, sortir 15 milliards d’euros, hors charge de la dette. La BCE attend 4,1 milliards de dollars en juillet, puis 3,2 milliards en août, à l’heure où le deuxième plan d’aide, prolongé de 4 mois en février, prend fin.
Dans le descriptif de sa campagne, Thom Feeney laisse entendre que l’initiative vise surtout à adresser un message d’espoir « puisque les politiques ne parviennent pas à accorder leurs violons ». Mission apparemment accomplie : l’affluence a été telle qu’Indiegogo a dû suspendre la campagne pendant quelques heures, sa plate-forme ayant planté.
En l’état actuel, l’OFCE retient trois scénarios pour une sortie de crise. Le premier, difficilement viable selon l’Express, implique des efforts à court terme dans l’optique d’un surplus budgétaire primaire supérieur à 4 points de PIB pendant 14 ans, de 2016 à 2030. Ce qui nécessiterait notamment une dépréciation de la monnaie nationale, chose impossible sous le régime de l’euro.
Deuxième piste, elle aussi peu probable et qui requerrait un nouveau plan d’aide de 160 milliards de dollars : viser des excédents budgétaires plus faibles dans le court terme, mais encore plus élevés dans le long terme, afin que le ratio dette sur PIB diminue suffisamment.
Seul scénario réellement viable : une restructuration de la dette publique de 312 milliards d’euros pour la ramener à 100 % du PIB, moyennant une perte d’environ 100 milliards d’euros pour les créanciers, dont la France. Le retour de la Grèce sur les marchés serait envisageable en 2021.
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