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Cyanogen lève 80 millions de dollars sans Microsoft

Agrandir ses équipes et accélérer le développement de son OS mobile présenté comme une alternative à la version officielle d’Android : tels sont les principaux objectifs de Cyanogen après son troisième tour de table institutionnel.

L’éditeur américain, qui chapeaute le projet CyanogenMod, a levé 80 millions de dollars auprès de plusieurs pointures de l’écosystème IT (Qualcomm, Telefónica, Twitter…) et d’un bouquet de fonds d’investissement parmi lesquels Access Industries et Index Ventures, basés respectivement à New York et dans la Silicon Valley.

Benchmark Capital, Andreessen Horowitz, Redpoint Ventures et la holding chinoise Tencent, qui avaient déjà pris des participations au capital de Cyanogen, ont remis au pot dans le cadre de ce tour de financement marqué par la contribution de l’homme d’affaires Rupert Murdoch, actionnaire majoritaire du groupe média News Corporation.

Le fonds de capital-risque Premji Invest, monté par Azim Premji (président du cabinet de conseil IT et d’outsourcing Wipro Technologies), s’est également joint à l’opération, qui porte à 110 millions de dollars le financement total obtenu par Cyanogen depuis sa création en 2009 à Palo Alto (Californie) par Steve Kondik.

Dans l’état actuel, l’environnement CyanogenMod n’est implémenté que par une poignée de constructeurs comme One Plus et Alcatel One Touch (groupe TCL). Il aurait toutefois séduit environ 50 millions d’individus qui l’auraient installé aux lieu et place de la version d’Android préchargée sur leur smartphone ou leur tablette.

Cette montée en puissance a-t-elle alerté Microsoft ? La firme peut voir en Cyanogen le cheval de Troie idéal pour donner de la visibilité à ses services* et contrarier Google, qui met sa propre offre en avant via Android, ultra-dominant sur le marché mobile.

Opportunisme ou inquiétude ? Microsoft pourrait aussi avoir tenté d’investir dans Cyanogen pour apaiser son esprit d’indépendance… et laisser le champ libre à Android. L’OS de Google rapporterait entre 1 et 2 milliards de dollars par an à la multinationale de Redmond, qui négocie, auprès des constructeurs de smartphones et tablettes, des redevances en échange d’un droit d’utilisation de certains brevets.

De la synchronisation de données à la géolocalisation, Microsoft dispose d’un arsenal pour tirer profit de l’écosystème Android. Plus de 300 brevets seraient concernés, dont certains hérités du démantèlement de l’équipementier canadien Nortel, à en croire une liste rendue publique en juin 2014.

La plupart des brevets en question ne décrivent pas de concepts technologiques, mais des méthodes d’implémentation. N’étant pas touché sur le plan financier, Google laisse faire. Si bien que certains analystes ont soulevé la question d’un « protectionnisme américain », avec un OS Android contrôlé à la fois par Google et par Microsoft.

* A l’heure où Cyanogen officialisait cette levée de fonds, Microsoft annonçait des partenariats avec une dizaine de constructeurs pour implémenter la suite Office et plusieurs autres services sur leurs produits Android.

Crédit photo : Simon Greig – Shutterstock.com

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