En guise de représailles à l’attentat visant Charlie Hebdo, l’opération OpCharlieHebdo se poursuit et déborde.
Le cyber-assaut, enclenché le 8 janvier, a vocation à défendre la liberté de la presse. Et il est multi-fronts sur le Web. Puisque les Anonymous visent la nébuleuse des présumés sites qui prônent le djihadisme sur Internet.
Il suffit de consulter le compte Twitter dédié à l’opération du groupe de hacktivistes pour disposer d’un état des lieux des fronts menés sur le Web.
Il y a d’abord des sites Web qui font l’objet d’assauts par dénis de service distribué (DDoS) et qui finissent par tomber : am-army.com, mhesne.com, moi.gov.qa et Qatarshares.com (sites du Quatar censés financer les activités de terrorisme), ansar-alhaqq.net (le forum francophone abritant des discussions islamistes renvoie désormais vers le moteur DuckDuckGo)…
La semaine dernière, le site Internet du quotidien belge Le Soir évoquait 73 sites pro-djihadistes qui auraient plié sous le martèlement d’OpCharlieHebdo.
On peut suivre l’évolution en suivant le hastag #OpC sur Twitter. Un réseau social mis à contribution dans ce conflit via le Web.
Les internautes sont également conviés à recenser les comptes Twitter qui soutiendraient le cyber-djihadisme. Le groupe OpCharlieHebdo affiche un listing de plus de 930 comptes ouverts sur le réseau social susceptibles de servir de cible.
Mais, en piochant dans la liste, il est difficile d’y voir clair au regard du nombre de comptes suspendus et ceux qui émergent pour prendre le relais…
Le conflit se déplace au gré des tensions liées à l’interdiction de la publication des caricatures de Mahomet dans le monde. Vendredi, au Sénégal, des milliers de personnes s’étaient rassemblés devant l’ambassade de France à Dakar
Parallèlement, un assaut sur le site Internet de l’Agence de l’informatique de l’Etat (www.adie.sn), revendiqué par Anonymous, a entraîné une défiguration de la page d’accueil.
On pouvait lire en guise de provocation : « Vous avez voulu interdire la caricature de la une de Charlie Hebdo ? Mauvais choix ». Ibou Dieng (@dagin55), humanitaire et curateur, a pu faire une copie d’écran disponible via Twitter.
Dans la journée de dimanche, la caricature du prophète Mahomet du journal satirique français et un hommage aux victimes des attentats terroristes à Paris s’affichaient sur la page d’accueil.
De son côté, l’agence publique des TIC du Sénégal a reconnu « une série d’attaques » sur le site Internet, qui est depuis revenu à la normale.
Dans une opération parallèle (Operation Ice ISIS via #OpIceISIS), il s’agit cette fois-ci d’un assaut sur les pays accusés de soutenir les exactions de l’ISIS (Etat Islamique). Pêle-mêle, plusieurs pays seraient visés comme le Qatar, la Turquie et l’Arabie Saoudite.
Mais la chaîne d’information en continu Aljazeera (installée à Doha, au Qatar) fait aussi partie des cibles…
Tirs croisés
Il ne s’agit pas d’un cyber-conflit unilatéral. Les réseaux nébuleux du djihad sur Internet – comme Middle East Cyber Army (MECA) – se déchainent aussi sur Internet. Et actuellement contre la France en particulier.
La semaine dernière, on a recensé plus de 19 000 sites Web visés par des assaut de groupes hacktivistes soutenant l’islamisme radical : musées, conseils généraux, universités, mairies (comme Cysoing dans le Nord), centres hospitaliers, organisations catholiques…
Déjà, dimanche dernier (11 janvier), en pleine marche républicaine « Je Suis Charlie » organisée dans les villes de France, Zataz.com affichait 1200 mairies et 230 médiathèques affectées.
« Du jamais vu », commente-t-on au ministère de la Défense. De son côté, l’ANSSI, agence officielle en charge de la cybersécurité en France, a confirmé un « accroissement significatif » du nombre d’attaques informatiques visant le paysage Web français qui se concrétisent sous forme de défigurations de sites Internet ou de dénis de service distribués (DDoS).
Sur son site Web, elle a remis en avant deux fiches d’informations sur les « bonnes pratiques en cybersécurité » et « pour les administrateurs de site » à télécharger.
PS : note de la rédaction 25/01/15 : en raison du déluge de réactions et de commentaires – parfois modérés, parfois extrêmes – associés à cet article et en raison du contexte actuel en France, nous avons décidé de couper l’option « déposer un commentaire » sur cet article afin d’éviter que le sujet ne devienne un défouloir. Merci de votre compréhension.
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