Cyber-espionnage : le fondateur d’OVH ciblé par le renseignement britannique
Octave Klaba, dirigeant-fondateur d’OVH, a suscité l’intérêt du GCHQ. Simple curiosité ou surveillance électronique plus poussée ?
Jadis, Octave Klaba s’est insurgé contre la cyber-surveillance généralisée…qui le lui rend bien.
On se souvient de la prise de position militante du fondateur d’OVH pour le respect de la confidentialité et de la vie privée lors des débats en France sur le projet de loi sur le renseignement.
« Il va permettre la surveillance de masse de la société française », déclarait-il aux Echos en avril 2015. « Peut-être qu’en venant de Pologne communiste, je sur-réagis. Mais j’ai connu ce genre de chose dans mon enfance. C’était il y a à peine 25 ans. On est proche des pires régimes.
Plus de deux ans plus tard, le nom du dirigeant du groupe français spécialisé dans l’hébergement Web revient sous les feux des projecteurs de manière inattendue.
A travers des révélations tirées des documents d’Edward Snowden du nom de cet ancien consultant de la NSA qui a dévoilé une partie des coulisses du cyber-renseignement de masse du côté américain. De nouveaux éléments à ce sujet ont été publiés par Le Monde dans son édition du 9 décembre en collaboration avec The Intercept.
L’adresse e-mail d’Octave Klaba figurait dans un document émis par les services de renseignement britannique (GCHQ) remontant à 2009.
A minima, Octave Klaba était identifié comme une potentielle cible intéressante en vue d’une « captation directe d’information ».
Au pire, l’entrepreneur du numérique est mis sur écoute depuis des années. Sa correspondance électronique est épluchée, tout comme l’étendue de son réseau de contacts…
Motivation politique, économique ou technique…Le journal du soir laisse planer le doute sur cet intérêt vis-à-vis d’Octave Klaba.
Une personnalité à la fois influente dans le secteur IT et accessible à tous (collaborateurs, journalistes…). Les activités de son groupe de services IT à destination des entreprises et son réseau de data centers s’étendent entre l’Europe, l’Amérique du Nord et bientôt l’Asie.
Sa société avait fait l’objet d’une attaque informatique en 2013 avec vols de données. A l’époque, Octave Klaba précisait dans un message d’information que l’objectif de l’assaut était « de récupérer la base de données de nos clients Europe et gagner l’accès sur le système d’installation de serveurs au Canada ». Mais l’enquête se poursuit pour déterminer l’origine de l’assaut.
Bien sûr, il ne serait qu’un maillon dans la chaîne des responsables d’entreprises que les agences de renseignement ont placé sur écoute. Mais c’est une illustration de l’étendue des pratiques de surveillance de masse qui dépassent le contrôle citoyen dans des pays démocratiques.
Octave Klaba n’a pas souhaité répondre aux sollicitations du Monde à ce sujet. Mais il a opté pour le ton de l’humour sur Twitter.
I was a unknown Linux’s devops and now everybody knows me ! Thanks @Snowden ! :)
— Octave Klaba / Oles (@olesovhcom) 8 décembre 2016
(crédit photo : NetMediaEurope – OVH Summit 2014)