Cyber-espionnage : les limites de l’effet Snowden

Les révélations d’Edward Snowden sur les campagnes massives d’écoutes électroniques orchestrées par l’Agence américaine de sécurité nationale (NSA) ont éveillé les consciences sur les enjeux de protection de la vie privée à l’ère numérique… sans pour autant changer profondément les habitudes des internautes.

C’est l’un des principaux constats établis par le Pew Research Center (PwC) à l’issue d’une enquête menée entre le 26 novembre 2014 et le 3 janvier 2015 auprès de 475 Américains âgés d’au moins 18 ans.

Quoique restreinte aux Etats-Unis, cette étude fournit des indicateurs potentiellement applicables à l’échelle de la planète, concernant notamment le ressenti des uns et des autres à propos de ces programmes de cyber-espionnage et de leur gestion par les autorités.

Les sondés ne sont que 6 % à déclarer ne pas avoir « du tout » suivi l’affaire. Sur les 87 % qui disent s’être renseignés « au moins un peu », environ un tiers ont pris des mesures dans l’espoir de protéger plus efficacement leurs données personnelles.

Dans 17 % des cas, ils ont modifié leurs paramètres de confidentialité sur les réseaux sociaux ; 15 % reconnaissent tout simplement utiliser moins souvent ces plates-formes, avec Facebook en tête de liste. Ils sont aussi nombreux à ne plus se servir de certaines applications mobiles… et 13 % à en avoir désinstallé. Le même pourcentage évite d’employer certains termes au bout du fil. 8 % sont allés jusqu’à fermer leur compte sur au moins un service en ligne.

Plus globalement, 25 % de ceux qui se sont tenus au courant de l’affaire Snowden ont changé leur façon d’utiliser les différentes technologies à leur disposition : 18 % pour l’e-mail, 17 % pour les moteurs de recherche, 15 % pour les réseaux sociaux et les téléphones portables, 13 % pour les applications mobiles et les SMS.

Méfiance et méconnaissance

Bien que certains (25 %) aient travaillé sur la complexité de leur(s) mot(s) de passe, le public méconnaît encore majoritairement certains outils qui pourraient l’aider dans sa tâche. Ainsi, seuls 10 % ont choisi d’exploiter un moteur de recherche qui ne conserve pas de trace de leur navigation. Un taux qui passe à 5 % pour les modules de confidentialité destinés aux navigateurs Web, à 3 % pour les proxys et à 2 % pour le chiffrement des e-mails ainsi que les solutions d’anonymisation comme Tor.

Le traitement médiatique de l’affaire Snowden a globalement rendu les Américains moins confiants sur le réel intérêt de ces programmes de surveillance. On est tout particulièrement divisé sur l’efficacité de l’appareil judiciaire pour équilibrer protection du territoire et droit à la vie privée.

82 % des individus questionnés par PwC admettent cependant qu’il est « compréhensible » de surveiller les communications de terroristes suspectés. 60 % pensent de même pour les dirigeants politiques, y compris de l’administration Obama ; 54 % pour les citoyens étrangers. C’est moins évident pour les Américains, à moins qu’ils aient visité des sites pédopornographiques (77 %) ou encore mené des recherches bien précises, par exemple sur des explosifs ou des armes automatiques (65 %).

Sur ce dernier point, on relèvera le témoignage d’un sondé qui déclare : « J’hésite désormais à saisir, dans les moteurs de recherche, certains termes qui pourraient paraître suspicieux, même si c’est par pure curiosité« . Des propos qui font écho à ceux d’un autre Américain : « Auparavant, j’étais plus enclin à parler de ma vie privée en ligne avec mes amis. Mais maintenant, je ne sais pas qui me lit ou m’écoute« .

Crédit photo : Dejan Stanisavljevic – Shutterstock.com

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