Cyber-surveillance : les demandes gouvernementales affluent chez Yahoo
Yahoo a réactualisé son rapport « de transparence » détaillant la teneur de ses relations avec les services de renseignement en matière de cyber-surveillance. Le groupe Internet reste très sollicité.
Depuis l’éclatement du scandale NSA à l’été 2013, les principaux groupes Internet américains ont entrepris de publier des rapports dits « de transparence« .
Voués à réactualisation régulière (tous les trois ou six mois selon la nature des données communiquées), ces bilans sont censés faire la lumière sur les relations que les entreprises du secteur high-tech entretiennent avec les services de renseignement à l’échelle de la planète. Conformément au 1er amendement de la Constitution des États-Unis, aucun élément classifié ne doit être divulgué. Contrevenir à cette ordonnance relève de la trahison d’État et peut entraîner une incarcération.
Le 27 janvier dernier, le filet s’est un peu distendu. Conformément aux directives édictées par le président Obama dans le cadre de sa réforme des méthodes de cyber-surveillance, le ministère américain de la Justice (DoJ) a autorisé les sociétés IT à en dire plus sur la nature des demandes de données personnelles émanant des autorités. Sollicitations reçues de la part du gouvernement, utilisateurs concernés, requêtes effectivement traitées : Yahoo n’avait pas tardé à intégrer de nouvelles informations chiffrées dans son « Transparency Report », dont la 2e édition est parue ce 31 mars.
Entre le 1er juillet et le 31 décembre, le groupe Internet de Marissa Mayer a dû examiner, aux États-Unis, trois catégories de demandes. En premier lieu, celles réalisées dans le cadre de mandats régis par le Foreign Intelligence Surveillance Act (FISA), loi de 1978 décrivant les procédures de surveillance physique et électronique. Deuxièmement, les « lettres de sécurité » (NSL) envoyées par le Bureau fédéral d’investigation (FBI) pour exiger un droit de regard sur des éléments comme le nom, l’adresse et les informations de facturation relatifs aux utilisateurs de services en ligne. Troisièmement, les données requises pour des enquêtes criminelles.
Les requêtes FISA ne peuvent être dévoilées qu’après un délai de 6 mois. Il faudra donc attendre le 30 juin 2014 pour avoir des indicateurs. Concernant les NSL, elles se comptent à « moins d’un millier » et concernent « de 1000 à 1999 comptes ». Sur le volet criminalité, Yahoo dénombre 6587 demandes portant sur 11 795 comptes. Dans 1245 cas, du contenu comme des conversations électroniques, des photos Flickr, des listes de contacts, des événements dans l’agenda ou des contributions sur Yahoo Answers a été révélé.
A 4199 reprises, Yahoo n’a dévoilé que des informations « secondaires » (adresses mail, localisation, IP, etc.). Aucun élément n’a été trouvé dans 604 cas et presque autant de demandes (549) ont été rejetées pour cause d’incompatibilité légale ou de retrait après dépôt. Au semestre précédent, 40 322 utilisateurs étaient concernés au global, en incluant les requêtes FISA.
Sur la même période, le gouvernement français a sollicité la SAS Yahoo France à 1697 reprises, avec 2049 comptes visés. Seules 106 de ces procédures ont entraîné la divulgation de données ; 298 ont été rejetées.
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