Vigilance…cyber-pirate. Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian tient à afficher sa détermination à éviter des dérives de pirates informatiques alors que la France se prépare à des échéances électorales cruciales cette année.
Des tentatives de déstabilisation par des assauts numériques ont été observées dans le processus électoral en pleine course à la Maison Blanche aux USA (avec la Russie pointée du doigt).
Hacktivisme, djihadisme, bataille entre services de renseignements…Le ministère de La Défense et l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) affichent une certaine vigilance au regard des risques d’assauts informatiques et de « cyberdéstabilisation ».
Dans une interview accordée au Journal du Dimanche en date du 8 janvier, Jean-Yves Le Drian évalue à 24 000 le nombre d’attaques externes « bloquées par nos dispositifs de sécurité ». Même des tentatives de perturbation de systèmes de drones effectuant des missions pour le compte du ministère de la Défense ont été détectées.
Pour sensibiliser les partis et la classe politiques, l’ANSSI avait organisé en octobre une réunion au Parlement en évoquant des « menaces élevées » susceptibles de déstabiliser les prochaines élections (présidentielle, législatives) en exploitant les canaux numériques.
Même si l’agence nationale en charge de la sécurité informatique assure ne pas avoir détecté d’indices dans ce sens.
Au-delà de cibles dans la société civile (comme celle visant TV5 en 2015), les forces militaires font également l’objet d’attaques qui se multiplient.
Dans le JDD, Jean-Yves Le Drian explique que la France est « la première force cyber européenne au côté des Britanniques ». Elle peut servir à protéger mais à frapper aussi. Un nouveau paradigme offensif qui devrait entrer dans le « dispositif doctrinal militaire ».
En termes de ressources, la loi de Programmation militaire va permettre de doubler les effectifs liés à la cyberdéfense pour aboutir à 2600 « combattants numériques » d’ici 2019 (en recrutant des cyber-réservistes au nombre de 400 à fin 2016). Et ce, avec l’appui de la Direction générale de l’armement (DGA).
Un effort budgétaire « considérable » de 2 milliards d’euros sur six ans est consenti pour renforcer les remparts de la « cyber-forteresse ». Dont un volet de 440 millions d’euros engagés pour le développement et l’acquisition de nouvelles solutions de cybersécurité sur la période 2014-2019.
On change de dimension dans ce domaine avec la création d’un véritable commandement Cybercom, placé sous la responsabilité directe du chef d’état-major des armées. A l’image du modèle américain (United States Cyber Command ou USCYBERCOM).
Il reste à institutionnaliser cette « quatrième armée » dans la loi. Ce qui devrait être fait rapidement par voie de décrets et d’arrêtés.
Par ailleurs, la coopération avec l’OTAN sera raffermie dans le sens de la cyberdéfense avec l’affirmation d’un engagement politique formel (« cyber pledge ») : tous les Etats membres de l’Alliance Atlantique sont invités « à atteindre un niveau minimal de robustesse dans le domaine cyber », selon une synthèse d’actualité disponible sur le site Internet du ministère français de la Défense.
(Crédit photo : Allocution de Jean-Yves Le Drian sur le site Direction générale de l’armement maîtrise de l’information à Bruz – décembre 2016 – © R.Pellegrino/ECPAD)
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