Daphni accompagne la troisième rentrée de la Holberton School
L’école, que trois Français ont ouverte en 2015 à San Francisco pour former des ingénieurs informaticiens sur le modèle du « peer learning », lève 2,3 millions de dollars.
Il y a du nouveau au capital de la Holberton School.
L’école « sans professeurs », qui a accueilli la semaine passée à San Francisco sa troisième promotion d’ingénieurs développeurs, reçoit le soutien financier de Daphni.
Le fonds de capital-risque, dont les activités ont véritablement démarré à l’automne 2016 et qui adopte une approche centrée sur l’industrialisation des processus d’échanges entre VC, emmène un tour de table de 2,3 millions de dollars.
Marquée par l’entrée de deux autres fonds (Insight Venture Partners et Reach Capital), l’opération est également souscrite par des actionnaires historiques de la Holberton School* : Trinity Ventures, Partech Ventures, Jerry Yang (cofondateur de Yahoo) et Jonathan Boutelle (ex-CTO de SlideShare), qui avaient participé à la levée d’amorçage de 2 millions de dollars officialisée en septembre 2015.
La création de l’école avait été annoncée à cette occasion. La première promotion, composée de 32 élèves, avait investi les locaux en janvier 2016, pour un cursus de deux ans basé sur des méthodes exploitées à l’Epitech et popularisées par l’école 42 : le « peer learning » et l’apprentissage par projets.
Chère voisine
L’école de Xavier Niel a justement fini par s’installer dans le voisinage de la Holberton School. Sa succursale implantée à Fremont bénéficie d’une enveloppe de 100 millions de dollars et réplique le modèle de la structure parisienne, avec un enseignement gratuit sur trois ans.
Du côté de Julien Barbier, on assure accueillir favorablement l’initiative.
Cet ancien de Docker s’était associé à Sylvain Kalache (SlideShare, LinkedIn) et à Rudy Rigot (Salesforce) pour lancer l’aventure Holberton School.
Le trio, déjà à l’origine du réseau d’informaticiens while42 et de la plate-forme TechMeAbroad, n’est, dans la pratique, plus qu’un duo. Rudy Rigot a, en l’occurrence, disparu de la liste des cofondateurs sur le site Internet de l’école. Il reste toutefois mentionné parmi les « mentors » qui accompagnent les étudiants au cours de leur cursus.
L’intéressé affirme, sur sa page LinkedIn : « En tant que fondateur de l’école [dont il fut CTO, ndlr], je fais encore tout mon possible pour contribuer activement à son développement ». Dans les faits, il travaille depuis mai 2016 comme ingénieur chez Salesforce, s’occupant des modules d’assistance dans les différents produits de l’éditeur américain.
Frais de scolarité différés
Outre les conseils qu’il dispensait en Ruby, Go, Python, Java, PHP et Node.JS, Rudy Rigot gérait l’intranet de la Holberton School, l’outil de suivi des performances des étudiants… et le système entièrement automatisé de gestion des candidatures.
L’école estime que ce dispositif basé sur « le talent et la motivation » permet d’éliminer toute forme de discrimination. Moins de 2,5 % des candidats seraient retenus à la suite de tests en ligne assortis d’un projet de création de site Web et d’un entretien sur place ou par Skype.
La scolarité se divise en trois phases : un tronc commun de 9 mois (thématiques abordées : UX, intelligence artificielle, sécurité, IoT, mais aussi marketing, stratégie commerciale…), puis 6 mois de stage et une spécialisation – là aussi sur 9 mois – éventuellement à distance, l’élève pouvant travailler sur son propre projet ou au sein d’une entreprise.
Parmi les membres de la première promotion, certains ont dégoté des stages chez Apple, Dropbox et la NASA. L’objectif à terme est d’en faire des développeurs full-stack de haut niveau (« Il est important, pour un développeur front-end, de comprendre comment le back-end est construit, pourquoi l’API est ainsi conçue, comment les bases de données fonctionnent, etc. », explique la Holberton School).
Pour les élèves, la formation n’est pas gratuite. Mais il n’y a pas de frais à l’entrée. L’école prélève 17 % des rémunérations perçues en stage et sur les trois premières années de travail une fois un contrat signé. Elle s’engage à ne jamais mettre les étudiants dans la dette.
* Ainsi nommée en l’honneur de Frances Elizabeth « Betty » Holberton, qui fut l’une des créatrices de l’ENIAC, premier ordinateur programmable. On précisera que la deuxième promotion, arrivée en octobre 2016, comporte 29 élèves.