Twitter vient de couper l’accès à Dataminr aux services de renseignement américains.
Une manière pour la plateforme de microblogging d’éviter de se montrer trop près des agences fédérales en charge de la surveillance en mode Big Brother. Une réputation qui pourrait nuire à son image auprès du grand public.
Dataminr est une start-up américaine, qui ingurgite les centaines de millions de tweets diffusés au quotidien en vue d’analyses pour le compte de clients qui vivent de l’information : traders, médias, agences gouvernementales…
C’est pour cette raison que Twitter s’intéresse à l’activité de cette société big data. La société, présidée par Jack Dorsey, dispose uniquement de 5% du capital de Dataminr (aux activités par ailleurs abondamment financées).
Pourquoi les liens de business sont étroits et spécifiques ? Twitter constitue par essence la source d’information première de Dataminr, qui a le privilège d’accéder à la base de données de la plateforme de microblogging en temps réel.
Ce qui en fait un outil puissant d’analyse et de veille ? Trop peut-être…
On trouve également In-Q-Tel, le fonds d’investissement proche de la CIA, dans le capital de la start-up d’analyses des tweets en masse.
En raison de cette connivence jugée suspecte, Twitter exige que Dataminr cesse d’alimenter les agences de renseignements américaines en data.
Selon l’enquête du Wall Street Journal, une source officielle dans l’espionnage a confirmé cette suspension. La communauté des renseignements américains aimerait que Twitter et Dataminr reconsidèrent leur position. Ne serait-ce qu’au nom de l’importance des réseaux sociaux dans la propagande djihadiste et du coup dans la lutte anti-terroriste.
Mais il n’est pas évident de couper les ponts…Selon le WSJ, Dataminr a signé un contrat de 255 000 dollars pour fournir au ministère de la Sécurité intérieure un outil de veille. Le service serait toujours actif….
De toute manière, il sera difficile pour Twitter de vraiment couper les ponts. Qui pourrait empêcher une agence de renseignement de passer par une structure en coulisse prête-nom pour effectuer la veille…
Cette nouvelle tension illustre les relations tendues entre les sociétés Internet influentes du secteur privé localisé dans la Silicon Valley (Facebook, Google, Twitter…) et les agences de renseignement après les multiples révélations d’Edward Snowden concernant les pratiques de cyber-espionnage.
De manière synthétique, les deux parties s’affrontent sur des questions sensibles de libertés civiles sur le Net comme le droit au chiffrement et au respect de la confidentialité des échanges à l’ère numérique.
(Crédit photo : Shutterstock.com – Droit d’auteur : Nagy-Bagoly Arpad)
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