Les salariés des entreprises high-tech implantées dans la Silicon Valley sont-ils responsables de la flambée des prix de l’immobilier à San Francisco ?
C’est l’avis d’un groupe d’activistes qui mène depuis plusieurs semaines des actions revendicatives visant essentiellement Google. Leurs protestations cristallisent la contestation sociale née de l’inflation record constatée dans une ville qui fait désormais partie des plus chères aux États-Unis : en moyenne, 2300 dollars de loyer mensuel pour un studio ; 3300 pour un deux-pièces.
Les manifestants ont d’abord bloqué les bus transportant des salariés de San Francisco vers le campus du groupe Internet. Les services analogues mis en place par Apple, Facebook ou Yahoo ont été moins fortement touchés. Mais la fronde s’est intensifiée ce 22 janvier : Anthony Levandowski, qui travaille sur un projet de voiture sans chauffeur pour le compte des laboratoires Google X, a été directement pris à parti.
Un groupe de militants s’est rendu à son domicile de Berkeley vers 7 heures du matin, l’empêchant, pendant près de 45 minutes, d’emprunter son véhicule pour se rendre au travail. Ils ont distribué, dans le voisinage, un tract expliquant qu’Anthony Levandowski « [développerait] des robots de guerre pour l’armée et la surveillance« .
Selon la presse sur place, qui a relayé le message d’un collectif se faisant appeler Counterforce, le salarié visé venait d’acheter un appartement dans un complexe en cours de construction. Évoquant « l’arrogance, la déconnexion et le luxe de cette classe [sous-entendu, les cadres supérieurs] », es manifestants se sont dits engagés dans une « lutte contre la stérilisation et la gentrification [du quartier] ».
Leur postulat est simple : en accédant à la propriété, les employés des entreprises de la Silicon Valley – et tout particulièrement Google – font augmenter la demande face à l’offre. Les prix montent lors mécaniquement et les bailleurs tendent à congédier plus facilement leurs locataires (+25% d’expulsions en 2013). La même question se pose avec les sociétés implantées dans la ville (Twitter, Airbnb, Zynga, Square…)
Maire de San Francisco, Ed Lee constate l’impact positif de l’économie numérique sur l’activité dans la ville. Il a néanmoins adopté une mesure… qui n’a pas satisfait les protestataires : les entreprises qui exploitent les arrêts de bus publics devront désormais payer 1,5 million de dollars par an. Mais Google étudie déjà la possibilité de transporter ses employés par ferry.
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