Le 1er février 2015, Hans-Holger Albrecht prenait ses fonctions de directeur général chez Deezer.
Succédant à Axel Dauchez (parti en mai 2014), cet ancien de l’industrie médias-télécoms était de passage à Londres la semaine dernière pour faire le point sur ses premiers mois à la tête du service français de musique en streaming.
L’objectif est clairement défini : « Devenir l’ultime destination pour toute écoute audio ». Notamment grâce à une programmation faite sur mesure pour chaque utilisateur.
La recommandation de contenus s’inscrit effectivement comme un axe de travail majeur à court terme, avec un équilibre entre les algorithmes… et cette équipe d’une quarantaine de personnes qui crée des listes de lecture à partir des 36 millions de chansons disponibles.
Deezer enrichit aussi son catalogue avec l’intégration de programmes d’information et de divertissement. Une annonce qui fait suite à l’acquisition, voici 7 mois, de l’éditeur californien Stitcher, à l’origine d’un service d’écoute d’émissions radio et de podcasts.
Lesdits podcasts, au nombre d’environ 20 000, ne seront dans un premier temps accessibles qu’en Suède, au Royaume-Uni… et en France, avec des contenus issus de Télérama, RFI ou encore Radio Nova. Le déploiement de cette offre aux Etats-Unis et en Australie interviendra « plus tard dans l’année ».
Interrogé par Music Ally sur sa stratégie de développement à l’international, Hans-Holger Albrecht segmente son approche autour de trois « catégories de marchés ». En premier lieu, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, le Brésil et le Mexique, où les activités se concentreront sur le marketing et l’acquisition de clients, tout particulièrement via des partenariats avec les opérateurs.
Deuxième catégorie : les marchés récemment conquis, dont les Etats-Unis. Y seront ciblés des publics spécifiques, par exemple les audiophiles à travers l’offre Deezer Elite, lancée fin 2014 outre-Atlantique en partenariat avec Sonos et disponible en France depuis quelques semaines. Un « marché de niche », comme le reconnaît Hans-Holger Albrecht, « mais on prévoit tout de même 20 millions d’équipements audiophiles vendus sur les prochaines années ».
Les marchés dits « émergents » ont une place à part dans la stratégie de Deezer : « De nombreux utilisateurs en Afrique et en Amérique latine n’ont jamais exploité ni les CD, ni les téléchargements : ils ont découvert la musique grâce au streaming […] tout comme ils découvrent la banque sur mobile ».
Reste cette question qui agite l’industrie sur fond de probable pression des labels : quelle viabilité pour le modèle freemium et quelle pertinence pour le modèle payant ?
Pour le nouveau DG de Deezer, « il ne faut pas tuer quelque chose trop hâtivement, en tout cas avant d’avoir mûrement réfléchi à des substituts ».
Outre un système de périodes d’essai pour convertir les utilisateurs gratuits en payants, le dirigeant évoque des relations plus directes avec les artistes qui pourraient déboucher, au-delà du dispositif d’abonnement mensuel, sur un mécanisme de recharges et de micro-transactions pour des produits dérivés, des adhésions à des fan-clubs, des ventes de billets pour des concerts, etc.
Au dernier pointage officiel, Deezer compte 16 millions d’utilisateurs actifs, dont 5 millions de souscripteurs à une formule payante. Le rapport est similaire chez Spotify, qui en est à 15 millions d’utilisateurs premium pour 60 millions d’actifs.
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