Comment 22 400 pages de données techniques et commerciales relatives au sous-marin de type Scorpène conçu par la DCNS ont fuité ? Le ministère de la Défense et le constructeur naval français (détenu à 62% par l’Etat) sont sur le qui-vive.
La rédaction du journal The Australian (détenu par le groupe News Corp de Rupert Murdoch) révèle qu’elle a disposé d’un accès à cette documentation dense qui intègre des éléments de conception des sondes des sous-marins Scorpène, les systèmes de communication et de navigation, leur signature sonore ainsi que l’armement des vaisseaux.
Le groupe DCNS et les autorités nationales de sécurité ont lancé une enquête pour déterminer l’origine de la fuite, la nature exacte des informations disséminées et évaluer les préjudices et les responsabilités en cas de négligence du côté français.
La France dispose d’accords avec la Défense australienne pour la commande d’équipements militaires. En avril, un énorme contrat de 34 milliards d’euros avait été remporté par la DCNS pour la construction de 12 sous-marins de type Shortfin Barracuda. Mais, a priori, l’Australie n’a pas acquis de sous-marins Scorpène. Parmi les clients officiels cités figurent le Chili, la Malaisie, le Brésil et l’Inde.
Selon Silicon.fr, le contrat géant australien avait donné lieu à une bataille commerciale serré entre la DCNS et l’Allemand TKMS et un consortium japonais (Mitsubishi Heavy Industries + Kawasaki Shipbuilding Corporation). Les médias australiens évoquent une procédure d’attribution du contrat parsemée de cyberattaques attribuées à la Russie ou la Chine.
De son côté, le Premier ministre australien Malcolm Turnbull évoque une affaire « préoccupante ». Quant au ministre de la Défense Christopher Pyne, il a assuré que le programme de sous-marins liant l’Australie et la DCNS est mené avec des exigences de sécurité très strictes et de gouvernance pour la gestion des informations et des données techniques. Cette fuite de données ne remettrait pas en cause le contrat d’armement signé entre la France et l’Australie.
Selon The Australian, des premières pistes d’enquêtes sont explorées par la DCNS. Le constructeur naval pointerait du doigt « des partenaires indiens ».
Les données confidentielles qui ont fuité auraient été exportées en 2011 par un ex-officier de la marine française (à l’époque sous-traitant de la DCNS) et revendues ensuite à des sociétés localisées dans la zone du du Sud-Est asiatique.
Selon l’édition du jour des Echos (25 août), le ministère français de la Défense tendrait à minimiser l’impact des révélations : « Il s’agit de documents à usage commercial, qui n’ont pas un caractère confidentiel au sens du secret-défense. »
(Crédit photo : DCNS)
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