Pour Deliveroo, jugement est-il synonyme de financement ?
Dans la lignée d’une décision rendue en sa faveur au Royaume-Uni sur la question du statut de ses coursiers, la firme FoodTech d’origine britannique annonce avoir obtenu un financement de 98 millions de dollars.
Il s’agit d’une rallonge au tour de table de 385 millions de dollars officialisé en septembre.
L’opération avait été emmenée par deux pointures du capital-investissement aux États-Unis : l’entreprise de gestion d’actifs T. Rowe Price Associates et la firme de services financiers Fidelity Management. Des investisseurs historiques étaient également de la partie : DST Global, General Catalyst, Index Ventures et Accel Partners.
On ignore si SoftBank, un temps pressenti pour investir, a contribué à cette rallonge. Il se dit que le conglomérat japonais aurait préféré se concentrer sur ses négociations avec Uber dans le cadre d’une opération de financement qui pourrait atteindre 10 milliards de dollars.
Deliveroo réaffirme les objectifs évoqués en septembre. En tête de liste, renforcer ses équipes technologiques, afin d’améliorer l’algorithme logistique qui porte son activité.
Il est également question d’une extension géographique. Onze pays sont pour l’heure couverts : le Royaume-Uni, la France, l’Espagne, la Belgique, l’Allemagne, l’Irlande, les Pays-Bas, l’Italie, l’Australie, Hong Kong, Singapour et les Émirats arabes unis.
Autre extension à l’ordre du jour : celle du programme « Editions », qui consiste à monter, en marque blanche pour les restaurateurs partenaires, des cuisines spécifiques à la livraison, dans des zones caractérisées par une forte demande, mais encore mal desservies.
Quant à une introduction en Bourse, Deliveroo n’a pas encore officiellement amorcé les démarches. Le CEO et cofondateur Will Shu – son associé Greg Orloski a quitté l’aventure l’an dernier – a toutefois récemment laissé suggérer à Business Insider que l’entreprise y allait tout droit.
Entre 2015 et 2016, son chiffre d’affaires a été multiplié par plus de six, à environ 129 millions de livres sterling. Mais les pertes ont elles aussi crû de manière significative, passant de 30,1 millions à 129,1 millions de livres sterling.
La décision rendue au Royaume-Uni est l’œuvre du comité central d’arbitrage de Londres.
L’équivalent de nos prud’hommes a jugé que les livreurs travaillant pour Deliveroo n’était pas des salariés… contrairement à ce qu’argüait l’IWGB (Union des travailleurs indépendants de Grande-Bretagne).
Cette dernière avait déposé plainte, faute d’avoir été reconnue, par Deliveroo, comme représentative des coursiers actifs dans les quartiers de Camden et de Kentish Town.
Le Comité central d’arbitrage a considéré la notion de « substitution » ; c’est-à-dire la capacité, pour un coursier, de se faire remplacer par un autre pour effectuer une livraison. Une possibilité que Deliveroo avait introduite dans le contrat quelques semaines avant l’audience.
Ce verdict intervient au lendemain de la validation, sur place, d’une fusion annoncée l’an dernier dans le secteur : Just Eat acquiert Hungryhouse auprès de Delivery Hero, qui quitte le marché britannique.
En France (où Deliveroo doit se lancer ce mardi à Cannes, qui sera sa deux centième ville), la cour d’appel de Paris a rendu, le 9 novembre dernier, un jugement similaire, rejetant la requête d’un ancien livreur qui tentait de faire reconnaître son statut de salarié.
La Cour a considéré que le plaignant n’avait pas apporté la preuve d’un lien de subordination caractéristique d’une relation employeur-employé.
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