La dernière expérience officielle de protection contre la copie d’un CD audio a été largement médiatisée. Nous nous en étions fait l’écho à la mi-mai (voir encadré de l’édition du 15 mai 2001). L’ennui, c’est que quelques jours après son lancement, le CD protégé par SunnComm se trouvait sur Internet… sans sa protection. Officiellement, la copie pirate provenait d’un lot australien de CD qui n’avaient pas été protégés. Soit. Autre expérience, celle menée par BMG, utilisant une technologie développée par la société israélienne Midbar. Un échec aussi, tous les lecteurs ne pouvant lire les CD en question. Ennuyeux. Depuis, la société aurait développé de nouvelles version de sa protection et elle annonce un accord avec Compact Disc International, un presseur de CD présent en France. Pour sa part, Macrovision a admis avoir lancé un test grandeur nature depuis six mois, sans que les consommateurs en soient avertis afin de ne pas biaiser l’expérience. Au total, 100 000 CD protégés auraient été commercialisés, signés chez différents labels. La technologie ne reposerait pas sur l’incorporation d’empreintes numériques (watermarking) dans les morceaux, qui produisent des sons parasites quand le CD est copié. Une technologie que la SDMI cherche à mettre au point, laborieusement si ce n’est en vain (voir édition du 8 juin 2001). Macrovision est l’auteur de protections présentes sur les CD-Roms, dont celle baptisée « SafeDisc », des protections rapidement contournées par les adeptes de la « copie de sauvegarde ».
La technologie SafeAudio déjà obsolète
D’après un article de The Register, la technologie de protection des CD audio de Macrovision, baptisée « SafeAudio », aurait déjà été cassée. L’information provient du site CD Freaks, lequel explique comment fonctionnerait la protection, et renvoie vers un driver qui permet de la contourner. CD Freaks explique, pour simplifier, que les CD audio disposent d’informations pour corriger les erreurs permettant au lecteur (de salon ou de PC) d’assurer leur lecture, même s’ils sont légèrement rayés ou si une poussière vient les perturber. SafeAudio modifie ces données, si bien que quand on copie le CD, il copie les erreurs sans les modifier. Résultat : le CD obtenu comportera des erreurs qui se traduiront par des sautes du son, des cliquetis et autres bruits parasites. L’utilitaire qui permettrait de contourner la protection SafeAudio est en fait un fichier, nommé cdfs.vxd, qui vient remplacer un pilote pour le gestionnaire de système de fichiers des CD sous Windows 95/98. Une fois le fichier remplacé, en ouvrant un CD audio avec l’Explorateur Windows, on voit s’afficher non seulement des fichiers « .cda » mais aussi deux répertoires. L’un nommé « mono », l’autre « stéréo » et dans chacun, trois dossiers qui correspondent à des taux d’échantillonnage différents. En ouvrant l’un de ces dossiers, on tombe alors sur les morceaux de musique du CD audio… au format Wave ! On peut alors directement les recopier sur le disque dur ou les convertir ! Inattendu et efficace.
Aujourd’hui, la société SunnComm annonce un accord avec BMG portant sur l’évaluation de sa solution anticopie, sans pour autant fournir de détails sur la technologie employée. Cela paraît plutôt naturel de ne pas aider ceux que l’on qualifie de « pirates » à poursuivre leurs mauvaises oeuvres. Au vu des exploits de ces casseurs de protections, on doute que le système, quel qu’il soit, résiste bien longtemps. La protection des DVD, si elle a tenu un peu, a fini par être réduite à néant. Quoi qu’il en soit, l’arrivée de CD protégés pose un certain nombre de questions. En effet, qu’en sera-t-il du transfert vers des lecteurs de type MP3 ou des disques durs portables ? Contrairement à celle de Macrovision, la solution de SunnComm prévoirait que le CD donne accès à un site permettant de télécharger les morceaux à un format protégé compatible avec les standards des baladeurs, comme le WMA par exemple. Pas de problème pour le possesseur d’une liaison haut débit (encore que…), en revanche, on doute que les mélomanes connectés en RTC apprécient. De même, il est devenu de plus en plus fréquent de stocker ses CD sur son PC afin de créer des playlists ou pour graver des compilations. Les protections ne devraient plus permettre cela. Difficile à accepter. Seule consolation : si une solution efficace voit le jour, il sera alors temps de remettre en cause le « complément de rémunération » (encore appelée « taxe sur les CD-R ») perçu sur les supports d’enregistrement numérique…
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