Le mois dernier à Singapour, l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) a entériné son nouveau programme gTLD. Celui-ci va permettre à toute entreprise de déposer à sa guise un nom de domaine dont l’extension pourra être tout substantif ou nom propre.
La mise de départ : 185 000 dollars, une bouchée de pain pour de nombreux groupes dont les résultats se chiffrent en millions, voire en milliards de dollars. Les moins fortunés se tourneront vers des offres à partir de 10 000 dollars.
Un point d’interrogation subsiste toutefois. Il ne devrait trouver réponse qu’à compter de janvier 2012, date choisie par l’ICANN, en charge de la supervision mondiale du nommage sur Internet, pour débuter l’enregistrement de ces nouveaux noms de domaines.
Plusieurs centaines d’entreprises pourraient avoir recours au service, à des fins majoritairement publicitaires et d’exposition de leurs biens comme de leurs services.
Des sites affublés de suffixes tels que .apple, .twitter ou encore .microsoft pourraient ainsi voir le jour. Mais certains seraient voués à l’abandon, dénués de contenus pertinents.
En effet, malgré les quelques 500 demandes en préparation pour cette première vague de tractations (du 12 janvier au 12 avril 2012), de nombreuses compagnies sentent le couperet les tutoyer.
D’autant plus qu’aucune date n’a encore été fixée pour un éventuel second tour de réservations.
Sur la défensive, les grandes entreprises vont devoir lutter pour ne pas rater le coche et réserver avant les autres des noms de domaines qui leur sont chers. Elles pourraient sinon se voir couper l’herbe sous le pied.
Ainsi, le système gTLD tolèrerait par exemple l’achat de l’extension .pepsi par Coca-Cola. Inversement, Pepsi pourrait profiter d’une éventuelle absence de Coca-Cola dans les négociations pour prétendre à un site en .coke.
« La plupart d’entre les candidats à ces domaines ne savent même pas quels usages ils en feront, mais ils préfèrent se prémunir de la concurrence« , affirme Ken Hansen, directeur développement chez Neustar.
D’autres heurts sont à prévoir. Entre autres, le lois de l’ICANN bannissent les noms de domaine dont la proximité graphique est avérée.
« Si un nom de domaine sollicité est trop proche d’un autre déjà enregistré, il ne sera pas accepté« , martèle Ben Crawford le P-DG de CentralNIC. « Si la BBC réserve un .bbc, une entreprise nommée BBE ne pourra plus bénéficier d’un .bbe« , ajoute-t-il.
Il en va de même pour certains termes issus du dictionnaire des noms communs. Canon devra s’en méfier, au même titre qu’Apple.
Hitachi et Canon ont déjà fait part de leur intention de défendre chèrement leur peau. Microsoft et IBM devraient suivre.
Si les opportunités marketing sont nombreuses, l’attitude défensive semble prendre la pas sur les opportunités que peut offrir un tel service. Une grande partie des domaines enregistrés pourraient donc tomber dans l’oubli, assurant une simple redirection vers des sites en .com.
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