« Il nous manquait un outil pour échanger sur les réussites mais aussi sur les échecs, partager les retours d’expérience, lever les freins à la croissance de nos entreprises, de la start-up à la PME », commente Jean-Michel Bérard, Président du Clust’R Numérique.
Cette première édition du Digital Summ’R, organisée le 30 juin 2016 au Centre de Congrès de Lyon, a permis de faire le point sur quatre thèmes : stratégie, ressources humaines, R&D et marketing. Le tout décliné en ateliers et tables rondes.
Pour bousculer les lieux communs sur le management, l’organisateur a fait appel à Jean-François Zobrist, le dirigeant de FAVI, un sous-traitant picard pour l’industrie automobile (30 ans d’expérience, chiffre d’affaire de 71 millions d’euros en 2015, 300 salariés).
Dans une intervention assez iconoclaste au regard de son secteur de prédilection, il a expliqué comment son entreprise a multiplié l’effectif par 10 et la cash flow par 100, en instaurant la confiance comme valeur cardinale et la suppression de tout contrôle.
A l’heure où tout expert en management prône des business plan sur 10 ans et une gestion prospective rigoureuse basée sur une batterie d’indicateurs, Jean-François Zobrist affirme qu’un salarié ne peut être productif que s’il est heureux dans son entreprise, libéré de toute planification et de la plupart des échelons hiérarchiques.
« Chez FAVI, 70% des gains de productivité viennent des opérateurs. » Le dirigeant évoque « l’amour » du client, de ses collègues, des concepts qui suscitent généralement une incrédulité amusée dans un monde du travail axé sur la compétition.
Jean-François Zobrist conclut : « Une bonne entreprise est pérenne, libre, intuitive. Elle donne du pouvoir aux productifs, innove, n’a pas peur du risque. » Si l’on en juge par les résultats de FAVI, cette vision de l’entreprise respectueuse de l’individu mérite que l’on s’y intéresse.
Le design interactif, ou action de créer, était au centre de la présentation de Francis Beaudet, Interaction Designer chez Macadamian, un éditeur d’origine canadienne de logiciels et d’interfaces utilisateurs/d’expériences utilisateurs dans le domaine des soins de santé. « La première idée lors du développement d’un produit, d’un logiciel, est rarement la bonne et il ne faut pas hésiter à la jeter au panier. »
Fini les long cahiers des charges, les seules contraintes étant le respect de la législation dans le domaine d’intervention, le médical, la construction de bâtiments, etc. « Les éléments visuels, les maquettes interactives sont des outils indispensables pour que les utilisateurs comprennent réellement ce que nous leur proposons », insiste le designer canadien.
Une fois la recherche des problèmes effectuée, l’équipe de design fait appel à un processus d’abduction qui est le fait de trouver des solutions sans expertise particulière. L’implication des développeurs à qui il faut attribuer une marge d’autonomie peut être décisive. Et Francis Beaudet de citer l’exemple de la refonte d’un logiciel de planification médicale associant un fichier de patients, de médecins et des prescriptions médicales.
« Les développeurs nous ont permis de trouver la solution pour une navigation beaucoup plus intuitive en regroupant des fonctions dispersées auparavant sur plusieurs écrans. Nous nous sommes fortement inspirés des fonctions du panier d’achat d’Amazon, un modèle du genre pour l’ergonomie. Cette solution a été validée par les utilisateurs, médecins et infirmières. »
Et de rappeler une règle essentielle qui consiste à respecter le territoire de chaque intervenant, utilisateur en premier, designers et développeurs.
Patrick Bertrand, Directeur général de Cegid, et Jean-Michel Bérard ont exposé les points à considérer pour effectuer plus facilement le passage d’un modèle d’achat de licences classiques (on premise) à un modèle de cloud.
« Sur le plan financier, il faut prévoir un passage difficile pendant 2 ou 3 ans car les revenus des licences baissent brutalement sans être aussitôt compensés par ceux du cloud qui supposent un paiement périodique, même si les clients acceptent de payer une ou deux années par avance. Cela signifie qu’il faut plus de fonds propres que dans d’autres métiers », prévient Jean-Michel Bérard.
Les attentes des utilisateurs de services en cloud sont supérieures à celles des logiciels on premise (sur site). « Les clients du cloud sont moins tolérants aux interruptions de service ou bugs que ceux des logiciels en mode licence. La tâche pour la R&D est lourde puisqu’il faut adresser pas moins de 18 tailles d’écran fixes ou devices mobiles et avec une ergonomie adaptée au responsive design », avertit Patrick Bertrand.
Le cloud permet d’appliquer quasiment tous les mois des améliorations et corrections à des milliers de clients simultanément comme le rappelle Jean-Michel Bérard. En revanche, il suppose un examen attentif des conditions techniques (délais de réponse réseau inférieurs à la seconde, etc.) et juridiques.
« Dans les SLA [Service Level Agreement, NDLR)], il faut notamment bien s’assurer de la réversibilité des données confiées au prestataire de cloud, lors d’un changement de fournisseur », conseille Patrick Bertrand.
Les aspects sécurité, responsabilité et confidentialité des données confiées à un prestataire n’ont pas été abordés mais doivent aussi être considérés par les entreprises, lors du choix d’une solution cloud.
(Crédit photo : Digital Summ ‘R 2016 ©Blandine Soulage-Rocca)
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