Distribution mobile : le réseau Tél and Com dans la tourmente
Enquête sur la restructuration qui affecte le réseau de l’enseigne Tél and Com (distribution d’offres mobiles multi-opérateurs). 80 boutiques sur 160 sont menacées de fermetures. Au minimum ?
Après The Phone House, l’hécatombe dans les enseignes de distribution d’offres mobiles multi-opérateurs risque de se poursuivre.
Les professionnels le savent : le modèle économique n’est plus viable en raison de la pression concurrentielle sur le marché des télécoms, le développement des offres « SIM only » à la Free Mobile qui nécessitent moins d’accompagnement client et des opérateurs qui se concentrent sur leurs propres canaux de distribution.
Des signaux alarmants proviennent de Tél and Com, qui existe depuis 16 ans : 160 magasins au niveau national et 600 salariés. Fin 2014, le réseau a perdu le soutien de son principal partenaire avec Bouygues Telecom et Orange accorde un répit jusqu’à juin prochain.
L’ambiance est tendue dans le réseau en raison de la restructuration en cours : 80 boutiques exploitées en propre sont menacées de fermetures dans les prochains mois, selon Nicolas S, un responsable de magasin affecté dans le sud de la France.
Notre interlocuteur craint que le réseau disparaisse rapidement. Peut-être d’ici la fin de l’année…
Rien que pour les zones Languedoc-Roussillon, Sud Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées, notre interlocuteur en recense 13 qui devraient fermer progressivement.
La première vague d’arrêt est décrite avec une certaine concision : trois boutiques locales sur quatre vont baisser les stores définitivement dans la métropole de Montpellier d’ici fin avril. Et cela deviendra palpable dès cette semaine.
Fermeture pour non renouvellement de bail, faille juridique dans le bail, revente à prix cassé…Les prétextes ne manquent pas pour stopper légalement l’activité en boutique sans faire trop de bruits.
Pour les salariés affectés par la restructuration, des solutions individuelles sont proposées : mutations, ruptures conventionnelles avec formations ou bilans de compétences mais aussi licenciements (on en signale au moins un pour refus de mutation).
La direction des ressources humaines de Tél and Com est très sollicitée actuellement pour proposer des alternatives au cas par cas.
« A ce jour, AUCUNE solution collective n’est proposé par l’ensemble du CE de l’entreprise (…) Les collaborateurs se retrouvent sans aucune réelle écoute particulière. La plupart d’entre nous sommes conscients que l’enseigne perds des millions et ne souhaitent pas profiter de cette situation. Mais nous voulons juste être respectée« , s’indigne Nicolas S.
Au sein du groupe, l’attitude des élus du personnel et des sections syndicales ne serait pas à la hauteur voire jugée décevante.
Tél and com : une reconversion dans les systèmes de sécurité à domicile ?
A moyen terme, la direction de Tél and Com aurait suggéré qu’un plan de sauvegarde de l’entreprise soit mis mis en place.
Mais il faut au préalable que le plan B se mette en place. De quoi parle-t-on ? De la reconversion de Tél and Com en spécialiste de la distribution de systèmes de sécurité à domicile (caméras de surveillance, détecteurs de fumée, solutions de télésurveillance).
Une business unit serait en train d’être montée dans ce sens et le catalogue de produits dans les boutiques Tel and Com avait été élargi à ce type de produits depuis septembre 2013.
Justement, une réunion entre les équipes locales et la direction régionale de Tel and Com est prévue mercredi matin (4 février) à Montpellier. Au menu : « Echanger autour de la décroissance et la restructuration de l’entreprise, et le devenir de Tél and Com. » Une dizaine de réunions sont prévues dans ce sens dans le réseau pour poursuivre la restructuration.
ITespresso.fr a essayé mardi après-midi de contacter la direction de Tél and Com installée à Lille. En vain.
Par téléphone, on nous a accueilli froidement au contrôle de gestion avec un « On ne parle pas à la presse ». Et les sollicitations par mail envoyées aux dirigeants de la société (dont le P-DG Grégory Sartorius) sont restées sans réponses.
Encadré : Tél and Com auto-proclamé le n°2 des mobiles multi-opérateurs
C’était la belle époque toujours relatée sur l’onglet « Qui sommes-nous » du site Internet de Tél and Co. « Nous commercialisons les offres d’Orange, Virgin Mobile, NRJ Mobile, et SFR. Nos équipes vous aident à comparer toutes les offres afin de trouver celle qui correspond le mieux à vos besoins et à votre budget, pour votre abonnement mobile comme pour votre offre ADSL, TV, Téléphonie fixe. »
Une belle vitrine : « Nous vous proposons de regrouper vos services mobiles et ADSL dans une offre ‘4P’ tout-en-un, pour vous faire faire des économies. De Samsung à Apple, en passant par LG, Sony, HTC, Blackberry et Wiko, vous trouverez chez nous une large sélection de mobiles et tablettes. »
Derrière The Phone House (désormais dans les limbes ou reconverti), Tél and Com se présentait comme le n°2 des mobiles multi-opérateurs. Sachant qu’il existe d’autres réseaux concurrents comme Internity.
« Développée par Bertrand Tréhu en 1997 initialement au sein de Norauto, l’enseigne Tél and Com, spécialiste de la téléphonie mobile, a pris son autonomie en 2003. Elle appartient désormais à Grégory Sartorius, gendre d’Eric Derville, le fondateur de Norauto », selon une contribution datant de mai 2009 disponible sur Leblogmulliez.com, un blog sur « l’empire des Mulliez, premier acteur familial de l’économie française » tenu par le journaliste Bertrand Gobin.
(Crédit photo : page Facebook de Tél and Com)