Faciliter les recherches sur le Web des experts du droit dans la documentation juridique volumineuse mais éparse.
Telle est la vocation de Doctrine.fr, qui lève 2 millions d’euros auprès d’Otium Venture (family office de Pierre-Edouard Stérin) et Kima Ventures (le fonds de Xavier Niel). Un duo d’investisseurs que l’on retrouve derrière d’autres financements récents de jeunes pousses comme Stratumn, PayFit et Source(d).
Pour accompagner Doctrine.fr, la structure d’accompagnement de start-up TheFamily a été également sollicitée tout comme Oleg Tscheltzoff (Fotolia), Florian Douetteau (Dataiku) et Thibault Viort (Wipolo, Cityvox) en tant que business angels.
Quel est le plan de conquête de cette start-up dans la sphère LegalTech ? Doctrine.fr se présente comme un moteur spécialisé dans la documentation sur le droit.
En exploitant l’intelligence artificielle (sous l’angle du machine learning), la start-up mouline l’information en mode big data pour proposer un outil de recherche et d’analyse de décisions de justice.
Elle vise en priorité la cible des cabinets d’avocats mais aussi la communauté plus globale des juristes (y compris ceux d’entreprise).
Avec cet outil de veille, Doctrine.fr veut faire gagner du temps (forcément précieux) aux experts du droit dans les recherches d’informations relatives à leur champ de prédilection.
« On va leur simplifier les processus de recherche et leur faire gagner trois heures par semaine », assure Nicolas Bustamante, co-fondateur et CEO de Doctrine.fr, revient d’un séjour dans la Silicon Valley.
« On n’a vu sur place que des gens qui voulaient utiliser l’intelligence artificielle pour supprimer l’intermédiation des pros du droit. Je pense que ce n’est pas la tendance à long terme. Il faut doter les juristes d’outils numériques puissants pour un travail augmenté », commente-t-il.
La start-up propose ainsi une alternative aux plateformes de contenus sur le droit mises en place par des éditeurs traditionnels spécialisés comme LexisNexis ou Dalloz.
Depuis la mise en ligne du moteur Doctrine.fr survenue début juillet, plus de 5000 avocats ont adopté le service.
Le modèle économique repose sur un système d’abonnement par mois et par utilisateur fixé à 159 euros HT (qui descend à 129 euros HT par mois si l’adhésion est lissée sur un an). Un essai gratuit est possible sur 14 jours après inscription au service.
Actuellement, l’équipe de la start-up, installée à Paris, comporte une dizaine d’ingénieurs (dont la moitié vient de San Francisco). Elle devrait recruter encore une quinzaine de personnes en marketing, business development et data science d’ici la fin de l’année.
Comment proposer une certaine densité de documents (qui se comptent en millions) dès le démarrage ?
Doctrine.fr a multiplié les flux d’acquisitions en prenant même en compte des bases de données non structurées émanant de diverses sources : cabinets d’avocats, formations syndicales, des TGI ou d’autres organisations juridictionnelles en France (avec les plus hautes instances comme la Cour de cassation, le Conseil d’Etat voire le Conseil constitutionnel…) mais aussi en Europe (Cour de justice de l’Union européenne, Cour européenne des droits de l’homme).
Avec l’appui de l’intelligence artificielle (machine learning), le processus de recherche sera affiné en fonction des analyses des historiques, des mots-clés ou du comportement des utilisateurs sur la plateforme.
Encore faut-il que la matière première soit accessible. C’est à dire l’accès à des documents numérisés avec autorisation accordée aux tierces parties (comme les start-up).
On se rend compte que le ministère de la Justice en France a un énorme chantier devant lui à ce sujet et la loi pour une République numérique d’Axelle Lemaire (qui inclut un volet important sur l’open data) devrait faciliter la tâche de Doctrine.fr.
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