Données personnelles : le paradoxe de la confidentialité
L’édition 2014 du baromètre annuel EMC Privacy Index décrit des internautes sensibles à la protection de leurs données personnelles, mais peu nombreux à adopter les mesures de confidentialité adéquates.
Toujours plus nombreux à faire du Net un centre d’action de leur vie quotidienne, les Français ont développé une certaine connaissance de la sécurité en ligne et se montrent globalement soucieux quant à l’exploitation de leurs données privées… sans pour autant prendre de mesures pour en renforcer la confidentialité.
Ce paradoxe s’illustre à l’échelle mondiale dans la dernière édition du baromètre annuel Privacy Index d’EMC (document PDF, 78 pages). Le spécialiste américain du stockage et de la virtualisation a étendu le périmètre de son étude à 15 pays en interrogeant, par l’intermédiaire d’un questionnaire électronique, 15 000 individus âgés de 18 ans et plus.
Pour la majorité des sondés, il subsiste une incompatibilité entre l’usage des outils numériques et la confidentialité des informations personnelles. La vigilance s’accroît, mais de la théorie des mots de passe à la protection des terminaux mobiles en passant par la visibilité des publications sur les réseaux sociaux, les pratiques ne suivent pas.
Cette inertie apparente cache toutefois une évolution importante des comportements sur la Toile : friand de multiples activités générant des données personnelles (e-commerce, banque en ligne, moteurs de recherche…) l’internaute n’a plus un, mais plusieurs profils. Ainsi, 50% acceptent de partager des informations lorsqu’ils interagissent avec l’Etat et les collectivités. Un taux qui passe à 47% pour les services de santé, 38% pour les banques et autres institutions financières, 33% pour le recrutement, 29% pour les achats en ligne… et 27% pour la communication personnelle via les réseaux sociaux, les e-mails et les SMS.
L’approche des Français est similaire, avec néanmoins des pourcentages un peu plus faibles : de 43% dans le cas du secteur public à 20% pour Facebook et consorts. Au global, ils ne sont que 15% à tolérer l’usage de leurs données privées afin d’améliorer leur expérience en ligne, y compris par la personnalisation des résultats de recherche et de la publicité. Dans la lignée du scandale PRISM, le taux de confiance envers le gouvernement et les acteurs du numérique chute : à l’échelle de la planète, 42% des répondants doutent de leur capacité à protéger efficacement les données personnelles (51%) en France.
Malgré cette prise de conscience et cet esprit critique, les internautes auront du mal à revenir en arrière sur certaines de leur pratique. Plus de 62% des personnes composant l’échantillon étudié par EMC ne modifient pas régulièrement leurs mots de passe (71% en France). 33% ne changent aucun paramètre de confidentialité sur les réseaux sociaux (36% dans l’Hexagone). Et 39% n’ont mis en place aucune protection pour leur principal terminal mobile (36% en France).
Ce alors même qu’un quart des 15 000 internautes interrogés reconnaissent avoir subi au moins un piratage de leur messagerie électronique, que 18% ont connu la perte ou le vol d’un téléphone, que 14% ont eu des ennuis avec leurs informations bancaires… et que 17% ont vu leur profil hacké sur au moins un réseau social.
Sur ce dernier point, les internautes se montrent relativement responsables. Ils se disent surtout préoccupés – à 84% – par la publication d’informations les concernant à l’initiative de tiers. 61% mettent tout de même en doute la réelle volonté de ces entreprises de protéger la vie privée de leurs utilisateurs.
Un sentiment global de vulnérabilité se fait sentir. 59% du panel estiment que la situation s’est dégradée d’une année à l’autre (42% en France). 81% pensent qu’elle se compliquera dans les 5 prochaines années (84% en France). 87% demandent que des lois soient mises en place pour faire en sorte que des données personnelles ne puissent être revendues sans consentement (91% en France).
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