Une « forme de censure inacceptable », une « absence de transparence impardonnable », des « répercussions critiques » sur la liberté d’expression et le droit à l’information du public : Wikimedia ne mâche pas ses mots à l’égard de l’arrêt européen du 13 mai 2014 esquissant une piste de « droit à l’oubli » sur les moteurs de recherche.
Dans le cadre d’une conférence de presse organisée ce mercredi 6 août à Londres, la fondation à l’origine de l’encyclopédie collaborative Wikipédia était représentée par son CEO Lila Tretikov, son directeur juridique Goeff Brigham et son fondateur Jimmy Wales. Pour ce dernier, la situation n’est « pas tenable » : dans l’état actuel, la mission de Wikimedia – garantir pour tous un accès gratuit à la connaissance – est menacée. Il résume : « Notre projet, notamment Wikipédia, est fondé sur un principe d’accès libre à l’information […], ce qui n’est possible que grâce à la contribution sans entrave des internautes, y compris sur des sujets suscitant débat« .
Lila Tretikov déplore pour sa part des désindexations de liens effectuées « en silence », sans en avertir précisément les internautes, sans contrôle judiciaire et sans possibilité claire de recours. La dirigeante regrette également que certains moteurs de recherche « ne notifient pas correctement les éditeurs » lorsqu’un de leurs contenus est déréférencé. Elle évoque enfin les « sombres perspectives » induites en matière éditoriale par l’occultation d’informations « précises, pertinentes et authentiques » dans les pages de résultats.
En conséquence, Wikimedia a pris plusieurs mesures de « transparence » à l’égard du public. En premier lieu, la publication systématique des avertissements que lui adressent les exploitants de moteurs de recherche. Mais aussi le lancement d’un rapport destiné à faire la lumière sur les demandes de données personnelles de contributeurs émanant d’individus, d’entreprises ou d’agences gouvernementales.
La première vague de ce baromètre porte sur la période de juillet 2012 à juin 2014. Sur les 56 requêtes enregistrées, 14% ont été acceptés, avec généralement très peu d’éléments dévoilés, les collaborateurs du projet Wikimedia n’étant pas obligés de renseigner leur nom, ni même leur adresse e-mail.
Au cours de ces deux années, la Fondation a également reçu 304 demandes de modification ou de suppression de contenu. Elle n’a accédé à aucune d’entre elles, mais a dû s’exécuter 24 fois dans le cadre de sollicitations reçues sous l’égide du Digital Millenium Copyright Act, qui régit la propriété intellectuelle aux Etats-Unis.
Interrogé par TechCrunch quant à son rôle au sein du conseil consultatif mis en place par Google pour examiner au cas par cas les demandes reçues dans le cadre de l’arrêt CJUE sur le « droit à l’oubli », Jimmy Wales a écarté toute éventualité d’un conflit d’intérêts. « Il s’agit d’une formation indépendante qui réunit des volontaires ne travaillant en aucun cas pour Google : ils ne sont que force de proposition auprès [du groupe Internet] et du Parlement européen« .
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