Drust lève 3 millions d’euros : d’Indiegogo à la Macif sous le prisme de l’IoT
Après une campagne de crowdfunding, Drust passe à la phase capital-risque avec son boîtier connecté pour l’automobile.
Le crowdfunding, une opération purement financière ? Pas pour Drust.
La start-up parisienne estime que la campagne qu’elle a menée début 2015 sur Indiegogo a surtout donné de la visibilité à son produit : un boîtier connecté qui permet, en relation avec une application mobile, de procéder au diagnostic d’un véhicule et d’en optimiser la conduite.
L’offre a retenu l’attention du groupe Macif, qui met 2,5 millions d’euros sur la table pour en accompagner le lancement commercial, prévu en fin d’année. Bpifrance et l’ADEME ajoutent 500 000 euros sous forme de subventions et d’aides à la recherche, portant le montant global de cette levée de fonds à 3 millions d’euros.
Constructeurs, car centers, réparateurs indépendants… Drust se projette sur des scénarios d’exploitation en B2B2C pour son boîtier baptisé AKOLYT. Mais dans un premier temps, il faudra honorer les livraisons pour les particuliers qui ont précommandé l’objet par le biais du financement participatif.
Budget serré
À l’origine, il était question d’une disponibilité sous 7 mois, c’est-à-dire pour fin 2015. À plusieurs reprises, l’échéance a été repoussée, pour des contraintes d’ordre technique, selon Michaël Fernandez-Ferri.
Le président de Drust, ancien de PSA comme les deux autres cofondateurs de l’entreprise (le COO Pascal Galacteros et le CTO Florent Pignal), explique : « Nous n’avions pas les compétences logicielles [et] ce que nous avions levé sur Indiegogo [64 778 euros, ndlr] ne nous donnait même pas un an de budget pour un développeur ».
Il poursuit : « On a également dû lancer un appel d’offres pour trouver un partenaire industriel français ». Mais le jeu en a valu la chandelle : AKOLYT est aujourd’hui fabriqué en Bourgogne, alors que les produits du concurrent Xee, référence sur le segment des boîtiers connectés pour l’automobile adoptée notamment par Norauto, le sont hors de l’Hexagone (avec, il est vrai, des volumes de production plus importants, Drust ayant enregistré environ 600 précommandes).
Les tensions avec les investisseurs (l’un d’entre eux demandait, le 10 mai 2016 sur Facebook : « Vous vendez quoi ? des mirages ? ») se sont apaisées au début de l’été moyennant une campagne de phoning… et, pour certains, un dédommagement sous la forme d’un coffret Wonderbox.
« Gamifier » la conduite
Marquée par une présence au CES de Las Vegas en début d’année et par l’obtention du Grand Prix de l’Innovation de la Ville de Paris dans la catégorie « Technologies Numériques », l’aventure Drust devrait prendre un nouveau tournant avec le soutien du groupe Macif.
Un partenariat est d’ores et déjà acté avec la société d’assurance mutuelle sur le développement de solutions d’aide à la conduite. Le potentiel ? Un marché mondial à 350 milliards de dollars en 2020 pour les services associés à la voiture connectée, selon les estimations de PTOLEMUS Consulting Group.
Conçu pour se connecter au port diagnostic (OBD, pour « On-board diagnostics »), AKOLYT fonctionne sur la plupart des voitures de tourisme commercialisées depuis 2001 pour les modèles essence (2004 pour le diesel). Il analyse les données issues des capteurs du véhicule et les transfère en Bluetooth à un smartphone. La présence d’une liaison GSM permet aussi un stockage sur le cloud.
Drust mise sur l’aspect « communautaire » de son application mobile, qui utilise des procédés de gamification pour motiver les conducteurs à suivre les conseils qui leur sont donnés (passage des vitesses, dosage de l’accélération, utilisation du frein moteur…) avec une promesse : économise jusqu’à 30 % sur la facture de carburant.
Au-delà de l’écoconduite, il y a aussi la partie maintenance. Et la possibilité d’être mis, en cas de panne ou d’accident, en relation avec des professionnels… dont le groupe Macif, qui revendique 5,9 millions de contrats auto actifs en France à fin 2015.
Crédit photo : compte Instagram drust.io