Les spots télé fabriqués pour Apple aux USA (voir édition du 10 juin 2002) ont généré un flot ininterrompu de commentaires. Et pour cause : ils dépeignent le passage (switch) d’utilisateurs de PC vers le Mac. La plus vive réaction a été celle d’un chroniqueur de PC Magazine, John C. Dvorak, vrai pourfendeur du Mac devant l’éternel. Le plus choquant dans ses propos ? Qu’il s’en prenne plus aux personnes présentées par les spots qu’à Apple elle-même. Son éditorial du 24 juin 2002, « L’offensive publicitaire Mac contre PC », est un pamphlet contre l’apparence de presque tous les switchers. Au hasard, dans la liste élaborée par Dvorak : « Liza Richardson, une DJ qui dit avoir vendu son PC et ses stupides petits haut-parleurs pour un ordinateur Apple qui marche mieux et a un meilleur son. Il me semble qu’elle aurait pu s’acheter de plus gros haut-parleurs. Est-ce qu’elle est aussi ignorante que ça ? Enfin quoi, je ne connais aucun ordinateur qui ait des haut-parleurs soudés. Sa photo la montre avec un mauvais petit sourire narquois. Bon débarras ! ». Le reste est du même acabit, un brin moqueur quand on en a une lecture européenne, un brin choquant quand c’est lu par des Américains, parce que l’auteur se moque des personnes et de leur apparence physique. Le résultat n’a pas loupé : l’éditorial et son auteur ont subi une impressionnante vague de critiques. Et Dvorak mis au pilori pour n’avoir pas respecté sa propre règle qu’il énonce en début d’article : « Si vous n’avez pas quelque chose de gentil à dire, ne dites rien ». La campagne de dénigrement a même versé son lot de rumeurs infondées comme celle qui veut qu’Apple soit allé chercher les personnages utilisés dans les spots et que ce n’est pas eux qui l’aurait contactée en premier. Apple a en fait demandé des témoignages de nouveaux venus au Mac depuis le début de l’année (voir édition du 25 mars 2002) et a reçu quelques milliers d’e-mails de la même veine que ceux mis en avant par les switchers de sa campagne.
Bill Gates mis à contribution? évidemment
Heureusement, les autres réactions ne sont pas de cette nature. Les parodies ont pris plus de recul. Et bien sûr, faire passer Bill Gates sur Mac aura été le rêve des humoristes. Ainsi de Joy of Tech, un site qui suit l’actualité des nouvelles technologies en s’en moquant (gentiment). L’une des images de la semaine reprenait la composition de la publicité d’Apple, mais en y faisant figurer Bill Gates. Un texte l’accompagne pour illustrer les pensées cachées du multimillionnaire : « Mon seul regret est de ne pas y être passé plus tôt. Bon, et de ne pas les (Apple, Ndlr) avoir écrasés quand j’en avais l’opportunité ? William Gates voulait un ordinateur qui ‘fonctionne’, à la différence de ceux qu’il vous a vendus depuis des années pour que vous essayiez de les faire fonctionner. Remarque : William s’est aperçu que les milliards qu’il a acquis avec Windows le rendait plus facile à vivre » ! Et ce n’est pas la seule parodie mettant en scène Gates : le site macboy.com présente un petit dessin animé réalisé sur la même thématique, tandis qu’un autre fait référence à la première publicité Apple pour le Macintosh. Bref, les spots télévisés de la Pomme n’ont pas laissé indifférents.
Du « pourquoi changer » à « comment changer »
Il faut dire que beaucoup d’utilisateurs de PC se retrouvent dans les témoignages des switchers, même si ce n’est sans doute pas la majorité. Du coup, Apple poursuit sa campagne avec de nouveaux venus. Un spot récent suit la méthodologie imprimée par Steve Jobs, le patron d’Apple : « Ce ne sont pas des acteurs, il s’agit de vrais gens qui sont passés du PC au Mac et qui racontent leur histoire avec leurs propres mots. » Dernier des « vrais gens » à entrer en lice, David Carey, l’éditeur et vice-président du New Yorker Magazine. Un personnage qui a une crédibilité différente de celle des autres utilisateurs, parce qu’il a une entreprise entière tournant sous Mac. Et les exemples risquent de se poursuivre dans des sens similaires, car il se dit qu’Apple cherche à montrer comment des enfants tirent désormais parti de ses produits. Reste que le remue-ménage fait autour des switchers semble modifier la perception du Mac chez les gens. Même Dvorak dans sa diatribe ne pose plus la question de la pertinence du passage au monde Apple. En première lecture, la question soulevée n’est donc plus « peut-on se permettre de passer au Mac », mais bien plus, « si vous en éprouvez le besoin ou l’envie, comment faut-il le faire ? » A vous de juger.
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