« Enfin ! » diront certains, « seulement » regretteront les autres. Universal Music, la plus grosse maison de disques au monde (35 % de parts de marché), lancera e-compil.fr, un site de téléchargement de musique, le 2 novembre. Mais alors qu’en est-il de PressPlay, sa plate-forme de distribution en ligne commune avec Sony à laquelle EMI a récemment licencié son catalogue (voir édition du 4 octobre 2001) ? « PressPlay sera lancé d’abord aux Etats-Unis, avant la fin de l’année », prévient tout de suite Pascal Nègre, le PDG d’Universal Musique France. « Il y aura ensuite une deuxième phase en Europe », poursuit-il en expliquant que e-compil est là pour « tester le marché, apprendre ». Il insiste : « On prépare le terrain. » Et c’est bien à un test que ça ressemble : 600 titres seulement seront proposés au lancement avec une cinquantaine de nouveaux chaque semaine. Sachant que l’offre va du rock au classique en passant par le jazz et les titres pour enfants, c’est peu. Du côté des tarifs, même avec humour, Pascal Nègre est bien obligé d’admettre que ce n’est qu' »un tout petit peu en dessous des prix pratiqués dans la vie normale ». Trois formules sont proposées. La première est sans abonnement, l’internaute achète le droit de télécharger 20 titres pour 18 euros (118,07 francs), sans limite de temps. Les deux autres formules impliquent un abonnement, dans ce cas le prix est ramené à 15,5 euros (101,67 francs) pour 20 titres et 8 euros (52,48 francs) pour 10. De l’éditorial pour attirer les 25-45 ans C’est donc le téléchargement qui a été choisi par Universal. Le titre téléchargé est au format WMD de Windows (Windows media download), c’est-à-dire du WMA (Windows media audio) enrichi. La lecture n’est possible que sous Windows pour l’instant, et lors de celle-ci le Windows Media Player affiche une photo de la pochette de l’album. Il propose également un lien vers le site officiel de l’artiste et la consultation des crédits. Universal table d’ailleurs beaucoup sur la valeur ajoutée aux morceaux. « Les 25-45 ans sont friands [de musique sur Internet] mais trouvent cela compliqué, ils sont demandeurs pour de l’éditorial », explique Sophie Bramly, directrice des nouveaux médias chez Universal Musique. E-compil propose donc aussi une biographie de chaque artiste, un lien vers son site, renvoie vers d’autres dans le même style, etc. A chaque fois, il est possible d’écouter un extrait de 30 secondes et le site propose un titre gratuit à l’essai, « valable 30 jours », précise Sophie Bramly, que l’on ne peut ni graver sur un CD ni transférer sur un baladeur MP3. On trouve également le « Top 10 » des téléchargements, une sélection d’actualité, des newsletters et même des titres en avant-première pas encore commercialisés. Quid des 15-25 ans ? « On ne renonce pas », assure-t-on chez Universal. Mais ils ont déjà pris l’habitude de télécharger (illégalement) « en moyenne 200 titres par mois ». Protection contre longévité Les morceaux seront tous encodés en 64 Kbits/s, une qualité pas tout à fait optimale, diront les puristes. Ils sont bien sûr protégés contre la copie. La protection du fichier consiste à lier une licence à l’ordinateur. Dans le cas d’e-compil, le transfert vers un lecteur MP3 est permis. Par contre, impossible de graver un CD en conservant ses titres au format WMA, « il faudrait pouvoir transférer la licence », nous explique-t-on chez Universal. Mais Universal a tout de même choisi d’autoriser la gravure des fichiers au format CD audio, « une seule fois », précise-t-on. Le CD audio gravé sera-t-il copiable ? Hésitations… puis finalement on apprend que « oui » tout en rappelant les propos de Pascal Nègre, qui annonce « l’arrivée du SACD l’année prochaine ». Pas de chance donc pour ceux qui ont un lecteur de CD au format MP3 ou WMA. Autre interrogation : que se passe-t-il en cas de crash de l’ordinateur, ou de déconnexion intempestive lors d’un téléchargement ? « Pas de problème, la licence reste sur le disque, il suffit de se reconnecter au site pour télécharger les morceaux concernés ». En revanche, si l’on change de disque dur ou a fortiori d’ordinateur, il faudra passer par une hotline pour récupérer ladite licence. Autant dire que l’on n’est pas sûr de pouvoir écouter un morceau 15 ans après l’avoir téléchargé…Au final on ne peut qu’acquiescer quand Pascal Nègre prévient qu’il ne s’agit que d’un « test ». On aimerait disposer d’un plus grand choix dans le catalogue (aucun CD ne paraît être proposé en entier, une hérésie pour certains artistes) et pour moins cher (ce à quoi Pascal Nègre répond que « tout est toujours trop cher »…). De plus, alors qu’une des forces d’Internet est d’être disponible partout dans le monde, on regrette la limitation à la France métropolitaine. Quant aux utilisateurs de Mac et de Linux, ils devront se contenter de la partie éditoriale. C’est d’ailleurs ce que risquent de faire bien des internautes… avant de se tourner vers les successeurs de Napster.
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