e-Restauration : pourquoi Take Eat Easy range les couverts
Après trois ans d’activité et 16 millions d’euros levés, la start-up belge Take Eat Easy est en redressement judiciaire. Comment en est-elle arrivée là ?
« Click & eat », ton univers impitoyable ?
Après trois ans d’activité et 16 millions d’euros levés, Take Eat Easy dit stop.
Voilà la start-up belge en redressement judiciaire, faute d’avoir trouvé des investisseurs pour boucler un troisième tour de table à l’heure où ses revenus « ne couvrent pas encore » ses coûts de fonctionnement.
Chloé Roose, cofondatrice de Take Eat Easy avec son frère Adrien et deux amis d’enfance (Jean-Christophe Libbrecht et Karim Slaoui), préfère dire « au revoir », sans pour autant annoncer quelle sera la suite des événements.
À en croire Le Soir, le rival Foodora aurait manifesté son intérêt pour une reprise.
Ce serait tout un symbole : l’entreprise d’origine allemande avait été rachetée en septembre dernier par son compatriote Delivery Hero, qui compte, parmi ses principaux soutiens, l’incubateur et holding d’investissement Rocket Internet… actionnaire historique de Take Eat Easy.
Pression concurrentielle
D’un montant de 6 millions d’euros, la première levée de fonds de la start-up était intervenue au printemps 2015, quelques mois après le lancement de ses activités à Paris. L’objectif était alors de se développer en Allemagne, en Espagne et au Royaume-Uni, tout en étoffant le réseau de coursiers et les équipes de commerciaux chargés de démarcher les restaurants.
Dans la pratique, l’expansion s’est surtout faite en France, avec la couverture des agglomérations de Paris, Lyon, Lille, Bordeaux, Nantes, Toulouse, Nice, Rennes, Strasbourg, Montpellier, Rouen, Grenoble et Versailles. S’y adjoignaient, au dernier pointage, Londres, le trio espagnol Madrid – Barcelone – Valence, ainsi que Gent, Liège, Bruxelles et Anvers pour la Belgique.
Un deuxième tour de financement avait été finalisé en septembre 2015, à 10 millions d’euros. Rocket Internet était encore dans la boucle, aux côtés de DN Capital, Piton Capital et Eight Roads Ventures (ex-Fidelity Growth Partners).
La suite a été plus compliquée. Ayant suivi le dossier Foodora tout en constatant que Deliveroo venait de lever 70 millions d’euros (100 millions allaient s’y ajouter quelques semaines plus tard), Take Eat Easy avait décidé, en octobre 2015, de partir à la recherche d’un nouveau financement.
Voie sans issue
Après avoir, selon Adrien Roose, essuyé le refus de 114 VC, la jeune pousse avait signé, en mars 2016, un accord de principe avec « un groupe public de logistique », pour un investissement de 30 millions d’euros. Un deal finalement avorté et qui avait laissé Take Eat Easy sans recours au vu des clauses d’exclusivité sous-jacentes.
Une hypercroissance difficile à digérer ? Sur les 12 derniers mois, le nombre de restaurants partenaires serait passé de 450 à 3 200, le nombre de clients étant plus que décuplé, de 30 000 à 350 000, pour un volume de commandes en hausse mensuelle de 31 % entre août 2015 et mai 2016.
La millionième livraison avait été effectuée la semaine dernière, d’après Chloé Roose. Mais le modèle économique, fondé sur une commission de 25 à 30 % prélevée auprès du restaurateur avec des frais de livraison de 2,50 euros pour le client, n’a pas suffi à atteindre l’équilibre, avec un effectif qui a atteint 160 collaborateurs.
Take Eat Easy fournit une estimation intéressant des principaux indicateurs de performance qu’il lui aurait fallu présenter pour être rentable.
On apprend notamment que les livreurs – dont certains craignent désormais de ne pas être payés – étaient beaucoup plus enclins à rester partenaires s’ils gagnaient au moins 15 euros brut de l’heure.
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