Nicole Fontaine, la présidente du Parlement européen déclare dans un communiqué qu’elle « regrette profondément que le département d’Etat, celui du Commerce, la CIA et la NSA aient annulé les entretiens, fixés au préalable, avec la délégation du Parlement européen dirigée par Carlos Coelho. » La commission temporaire sur le système d’interception Echelon mise en place en septembre 2000 (voir édition du 14 septembre 2000) s’est rendue cette semaine aux Etats-Unis pour y rencontrer différentes autorités. Le système d’écoute des communications mondiales contrôlé par les Américains inquiète les Européens qui soupçonnent les Etats-Unis de l’employer à des fins d’espionnage industriel. « En prenant une telle décision [de ne pas rencontrer la délégation] les autorités américaines ont empêché les membres de notre commission temporaire (…) d’effectuer correctement leur travail » poursuit Nicole Fontaine avant de demander aux autorités gouvernementales américaines de « revoir cette décision ».
Carlos Coelho, le président portugais de la commission était accompagné d’une dizaine de députés qui se sont déclarés « soucieux et consternés ». En guise de protestation ils ont quitté le sol américain ce jeudi 10 mai, 36 heures avant le départ prévu. La CIA et la NSA auraient jugé toute rencontre « non appropriée ». « Tout ce dont les responsables des services de renseignement auraient été autorisés à parler avec une délégation étrangère sur le sujet a déjà été dit publiquement » s’est justifié le porte-parole de la CIA cité par Associated Press. L’AFP rapporte que de son côté le département d’Etat (correspondant à notre ministère des Affaires étrangères) a indiqué avoir « décliné » une demande de rendez-vous en prétextant que « les affaires de renseignements ne relèvent pas » de sa compétence.
Un vrai feuilleton diplomatique
Avant leur départ, les eurodéputés auront tout de même rencontré certains des interlocuteurs prévus. Comme le souligne l’AFP, Carlos Coelho a ainsi pu se féliciter de « discussions excellentes » avec la commission du renseignement de la Chambre des représentants, des fonctionnaires du département de la Justice et l’ancien directeur de la CIA Jim Woolsey. Par ailleurs la délégation a pu s’entretenir avec les défenseurs des libertés individuelles et de la vie privée parmi lesquels des représentants de l’American civil liberties union (Aclu) et de l’Electronic privacy information center (Epic), deux associations très actives sur le sujet.
Echelon est soupçonné de servir à l’espionnage industriel au profit d’entreprises américaines et d’empiéter sur la vie privée des citoyens européens. La commission, qui fera un compte-rendu de sa visite mardi 15 mai, doit rendre un rapport sur Echelon à la fin du mois. En octobre 2000, le député Arthur Paecht rendait un rapport parlementaire sur le sujet (voir édition du 12 octobre 2000). « Oui, il existe bien un vaste système d’interception et de traitement des informations nommé Echelon. Il est organisé en réseau. Il s’agit d’ailleurs du seul système multinational connu, » notait-il dans ses conclusions en qualifiant Echelon de « danger pour les libertés publiques et individuelles. »
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