Économie numérique : ces compteurs que la Chine affole

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Le rapport annuel « Internet Trends » de Kleiner Perkins met en lumière la montée en puissance de la Chine dans l’économie numérique mondiale.

Alipay, Hema, Youku Tudou… Difficile de louper, dans le rapport « Internet Trends » de Kleiner Perkins, les nombreuses références à des marques d’Alibaba.

La forte croissance du groupe e-commerce est l’un des leviers par le biais desquels le fonds d’investissement américain entend illustrer le poids de la Chine dans l’économie numérique mondiale.

Le contexte technologique y est favorable avec, en première ligne, le développement de l’usage du mobile.

La nombre de mobinautes est en croissance (753 millions recensés fin 2017), tout comme le volume de données consommées sur les réseaux cellulaires au cours de l’année : environ 25 exaoctets (milliards de Go), soit presque deux fois plus qu’en 2016.

Autre indicateur en progression : le temps passé devant l’écran. En deux ans, sur le divertissement, il a progressé en moyenne de 22 %, les réseaux sociaux (47 % du temps total) cédant du terrain à la vidéo (22 %).

Des données dans le portefeuille

Ces facteurs conjugués bénéficient au e-commerce, qui a franchi un seuil en 2017, représentant plus de 20 % du marché de la vente au détail. Les volumes d’affaires en BtoC frôlent les 500 milliards de dollars, dont près des deux tiers sur mobile, selon le cabinet chinois iResearch.

Les consommateurs se révèlent en outre relativement enclins à communiquer des données à caractère personnel (financières et médicales notamment) en échange de meilleurs services. 38 % de ceux interrogés par GfK s’y disent « très ouverts ». C’est plus que dans tous les autres pays étudiés.

Kleiner Perkins perçoit d’autant de potentiel pour Alibaba que son chiffre d’affaires (34 milliards de dollars en 2017) n’est encore réalisé qu’à 8 % hors de Chine. Son concurrent Tencent est dans une situation similaire.

Chacun des deux groupes a, dans son arsenal, un relais majeur à l’international : un e-wallet. Le premier s’est déjà imposé en Chine avec Alipay, qui a capté, d’après les données du cabinet Analysys, 54 % du marché du paiement mobile en 2017. Le second, avec WeChat Pay, en a pris 38 %.

Soulignant aussi, entre autres, le potentiel de la Chine en matière de recherche en intelligence artificielle, Kleiner Perkins note, sur la base des informations de la Banque mondiale, que le pays dégage 15 % du PIB mondial, se rapprochant de l’Europe (22 %) et des États-Unis (25 %).

L’épouvantail brandi, le fonds d’investissement laisse entrevoir des « voies de recours ». En particulier la formation en ligne, avec plusieurs exemples dont la plate-forme Coursera (qui affirme avoir réuni plus de 30 millions d’apprenants en 2017) et l’opérateur AT&T, qui a débloqué un budget d’un milliard de dollars d’ici à 2020 pour ses employés.

Le prix de l’innovation

Il n’y a pas qu’en Chine que la population d’internautes croît. Ils sont désormais 3,6 milliards dans le monde (+ 7 % entre 2016 et 2017), malgré un ralentissement qu’explique en partie la croissance nulle des livraisons de smartphones (1,5 milliard d’unités en 2017, source IDC).

Les usages se développent en parallèle : aux États-Unis, on approche, d’après eMarketer, des 6 h par jour passées sur du divertissement numérique. La vidéo prend de l’importance, à près de 30 minutes par jour sur les 63 pays étudiés par Zenith Online Video Forecasts. Les réseaux sociaux en sont à 135 minutes en moyenne (Global Web Index).

Outre-Atlantique, le penchant d’Alibaba se nomme Amazon. Le groupe de Jeff Bezos capte 28 % du volume d’affaires sur un marché estimé à 450 milliards de dollars (Réserve fédérale des U.S.A.), en croissance annuelle de 16 %.

Dans le domaine, l’activité de Facebook n’est pas à négliger : 78 % des 18-34 ans interrogés par la plate-forme Curalate déclarent avoir trouvé, sur le réseau social, un produit qui les intéressait.

Facebook affiche, dans ce contexte, une capacité croissante de monétisation de sa communauté : chaque utilisateur actif quotidiennement a rapporté en moyenne 30 dollars sur l’année 2017*.

Le modèle économique sous-jacent n’est pas sans soulever d’inquiétudes… et de réactions chez les régulateurs, auxquels Kleiner Perkins, dans la lignée de son activité de financement de l’innovation, recommande une approche mesurée.

Le fonds d’investissement en appelle en l’occurrence à « ne pas stopper le progrès », qu’il illustre par la capacité des entreprises du numérique à personnaliser leurs services : + 900 % de requêtes géolocalisées sur Google entre 2015 et 2017, nette augmentation du nombre d’artistes que chaque utilisateur écoute en moyenne par mois sur Spotify, etc.

* En grande partie grâce à la publicité. Un marché online que l’IAB évalue, pour 2017, à 88 milliards de dollars, dont plus de la moitié sur mobile.

Crédit photo : goodwines via Visualhunt.com / CC BY-NC-ND

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