Orange a des relations spéciales avec la Direction générale de la sécurité extérieure. Dans une enquête du Monde, les liens entre l’opérateur historique (qui a l’Etat dans son capital à hauteur de 27%) et le service de renseignement sont décortiqués. C’est à travers un document interne du GCHQ (principale agence de renseignement au Royaume-Uni) que l’on apprend que la DGSE entretient une coopération étroite avec « un opérateur de télécommunication français ».
Sans surprise, il s’agit bien de France Telecom – Orange. Mais la suite des révélations est intéressante puisque les deux parties collaborent de manière étroite pour améliorer les capacités nationales d’interception sur les réseaux de communication et casser les systèmes de chiffrement des données qui circulent dans les réseaux.
Selon LeMonde, « l’une des forces de la DGSE résiderait dans le fait qu’elle ne se contente pas des autorisations accordées par le législateur pour accéder aux données des clients de France Telecom-Orange. Elle dispose surtout, à l’insu de tout contrôle, d’un accès libre et total à ses réseaux et aux flux de données qui y transitent. » Le quotidien du soir insiste : « Une collecte libre de tout contrôle, par le biais de l’opérateur français, portant sur des données massives, concerne aussi bien des Français que des étrangers. »
Concrètement, comment se passe cette collaboration ? En fait, il faudrait davantage parler de « lien consubstantiel » : il n’existe pas de trace d’un accord formalisant la coopération entre la DGSE et Orange. Mais des personnes habilitées secret-défense (des ingénieurs en particulier) collaborent à divers niveaux de direction du groupe télécoms : réseaux, activités internationales et sécurité.
Interrogé par Le Monde, Stéphane Richard, P-DG d’Orange, répond de manière très lissée : « Des personnes habilitées secret-défense peuvent avoir à gérer, au sein de l’entreprise, la relation avec les services de l’Etat et notamment leur accès aux réseaux, mais elles n’ont pas à m’en référer. Tout ceci se fait sous la responsabilité des pouvoirs publics dans un cadre légal. »
Bref, les renseignements sont dans les coulisses d’Orange mais le patron du groupe télécoms n’est pas forcément tenu informé de leur activité.
En juillet 2013, Le Monde avait déjà révélé l’existence d’un programme Prism à la française « a-légal ».
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