La version chinoise de Skype détecte certains mots-clés, comme « démocratie » ou « Tibet », selon les résultats d’un chercheur de l’université de Toronto au Canada. Une révélation qui inquiète les associations de protection des droits de l’homme. Mais elle pose également la question de savoir si cette pratique se cantonne vraiment à la Chine.
Skype, qui recense 338 millions d’utilisateurs dans le monde, permet de passer des appels en voix sur IP ou de tchatter par Internet, sans passer par les lignes téléphoniques traditionnelles. Cela rend les communications difficiles à espionner, d’autant plus que tous les appels sont cryptés, selon Skype.
Mais le débat sur la fiabilité de Skype est lancé. « Depuis deux ans, peut-être plus, les gens soupçonnent que Skype, qui se présente comme fiable, ne l’est en fait pas », confie Bruce Schneier, le Chief Technical Officer de l’opérateur télécoms britannique BT.
Le silence pesant des autorités gouvernementales
Skype a toujours affirmé qu’il était impossible d’espionner les conversations tchat passées depuis son logiciel, en raison de l’encodage des données. Mais il semble y avoir un moyen de contourner cet encodage, comme le prouverait les révélations du chercheur canadien Nart Villeneuve.
Ce dernier a réussi à s’introduire dans les serveurs mal sécurisés de Skype en Chine, distribué sur place par Tom Online. Le chercheur canadien y a trouvé plus d’un million de messages stockés contenant des mots comme « démocratie », « Tibet » ou « lait frelaté », en référence à un scandale à l’origine de la mort de quatre nourissons en Chine.
Interrogé par Associated Press, Simson Garfinkel, un ingénieur d’Harvard qui a étudié les systèmes de sécurité de Skype, a déclaré qu’il était enfantin pour la firme d’écouter les conversations des usagers de son logiciel. « Je pense qu’il n’est pas compliqué pour Skype de donner à une autorité quelconque les moyens d’espionner les communications sur son logiciel », a-t-il expliqué.
Personne n’a pour l’instant affirmé que des autorités étatiques, comme les agences de renseignement, collaboraient pleinement avec Skype. Mais les rumeurs persistent. Le site allemand Heise Online rapportait en juillet que les autorités autrichiennes se félicitaient d’être en mesure d’espionner les appels sur Skype. Le relatif silence des agences du maintien de l’ordre sur le sujet expliqueraient, selon le site média, qu’une coopération est à l’oeuvre.
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