Edvige est « loin d’être le souci majeur » de la Cnil
Lors d’un entretien accordé à Vnunet.fr, Alex Türk, président de la Cnil, revient sur la levée de boucliers liée à la création du fichier Edvige.
Le décret paru le 27 juin 2008 annonçant la « création d’un traitement automatisé de données à caractère personnel dénommé Edvige » (voir encadré ci-dessous) par le ministère de l’Intérieur n’en finit pas de faire parler de lui.
Même si la tension semble être un peu retombée depuis l’annonce, par le président de la République, que le ministère de l’Intérieur allait organiser une concertation.
Alex Türk, le président de la Cnil (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés), se dit d’abord surpris par toutes ces manifestations. « Edvige n’est que le nouveau cadrage juridique d’un fichier qui existe depuis très longtemps, celui des RG, constate-t-il. Un premier décret, paru en 1991, avait donné une existence légale à ce fichier constitué depuis de longue date dans une certaine illégalité. »
C’est sous le front Populaire qu’a été créée en 1937 la Direction des services de renseignements généraux et de la police administrative, mais ce n’est qu’au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, en particulier pendant la guerre froide, que les RG avaient pris leur envol.
« Nous avons insisté pour le décret soit public »
Le président Sarkozy ayant décidé, dans un but de rationalisation, de fusionner à partir du 1er juillet 2008 les RG et la DST (Direction de la surveillance du territoire) au sein de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), un nouveau cadrage juridique était nécessaire.
Normalement, la DCRI doit désormais plus s’occuper de la lutte contre le terrorisme, des risques d’espionnage économique, de la sécurité informatique ou de la surveillance des quartiers à problème.
Alex Türk se félicite que le gouvernement ait finalement décidé de publier le décret annonçant la naissance d’Edvige. « Nous avions beaucoup insisté pour que ce décret soit rendu publique, affirme-t-il. Jusqu’au dernier moment, le gouvernement a hésité. Ce n’est que la veille au soir qu’ils nous ont averti que le décret serait public. Mais nous avions aussi prévenu les autorités concernées qu’en publiant le décret sous cette forme, elles allaient au-devant d’ennuis : nous sommes heureux d’être enfin entendus sur ce point. »
A l’inverse d’Edvige, Cristina sera hors de contrôle de la Cnil
A noter que le décret annonçant la création d’un autre fichier du nom de Cristina qui sera également utilisé par la DCRI, n’a fait l’objet d’aucune publication. Sur les quelque 2,5 millions de fiches que comporteraient les ordinateurs des RG, environ 2 millions de fiches devraient êtres repris par Edvige et 500 000 par Cristina.
« Cristina comporte uniquement des fiches sur des personnes susceptibles de porter atteinte à la sécurité de l’Etat : il est donc absolument normal qu’aucune information ne soit communiquée au public sur ce fichier », estime Alex Türk.
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