7 000 abonnés en 7 minutes, 30 000 en une demi-heure, plus d’un demi-million en une matinée et la barre du million atteinte en moins d’une journée : la twittosphère n’est pas restée insensible à l’arrivée d’Edward Snowden.
Cet informaticien de profession, ancien consultant pour l’Agence américaine de sécurité nationale (NSA), a contribué à faire entrer, dans les ouvrages français de référence, le terme « lanceur d’alertes ». Il encourt aujourd’hui jusqu’à 30 ans de prison aux États-Unis pour avoir volé et diffusé publiquement des documents confidentiels relatifs aux opérations de surveillance électronique conduites par les services de renseignement.
On aura relevé cette pointe d’ironie dans le premier tweet posté sur le compte @Snowden : « Can you hear me now? » (« Vous m’entendez, maintenant ? »), en référence au slogan utilisé par le groupe télécoms Verizon… pointé du doigt pour avoir communiqué des données à la NSA. Un coup d’essai qui a entraîné pas moins de 120 000 retweets.
Edward Snowden s’est aussi distingué en ne suivant qu’un compte : celui de son ancien employeur (@NSAGov), qui ne l’a pas suivi en retour. C’est sans compter sa biographie, qui donne le ton : « Je travaillais pour le gouvernement. Maintenant, je travaille pour le public. »
Comment expliquer l’ouverture de ce compte plus de deux ans après les premières révélations de l’intéressé, aujourd’hui réfugié en Russie ? Aucune raison n’est avancée. Mais un signal avait été adressé la semaine passée dans une interview avec Neil deGrasse Tyson.
Cet astrophysicien, qui fait partie des scientifiques les plus populaires aux États-Unis (il a un astéroïde à son nom), avait recommandé à Edward Snowden d’ouvrir un compte, dans la continuité des interventions qu’il réalise régulièrement à distance, par vidéoconférence ou par l’intermédiaire de robots – comme lors de la dernière conférence TedX. Le lanceur d’alertes avait accepté de se prendre au jeu.
Le compte @Snowden était déjà utilisé. Mais l’internaute qui l’avait ouvert n’avait plus rien publié depuis 3 ans. Twitter en a donc cédé la propriété à Edward Snowden, qui « est bien aux commandes du compte », selon son avocat, interrogé par The Intercept.
L’accueil fut globalement chaleureux, mais certains échanges ont été musclés. Illustration avec George Pataki. L’ancien gouverneur de New York, candidat à la présidentielle 2016 aux États-Unis, a ouvertement qualifié Edward Snowden de « traître ».
Il a ensuite interpellé Jack Dorsey pour demander la fermeture du compte @Snowden. Le CEO de Twitter n’a pas accédé à cette requête. Il a, au contraire, salue l’arrivée d’Edward Snowden, puis retweeté son message « Je suis juste un citoyen avec une voix. »
Le journaliste Glenn Greenwald, qui fut l’un des premiers en contact avec Edward Snowden, a rebondi sur cette affaire en adressant une pique à George Pataki, sans le nommer.
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