Effervescence dans les télécoms : Orange pourrait racheter Bouygues Telecom
Le scénario d’un rapprochement entre Orange et Bouygues Telecom est évoqué. Un signal qui pourrait satisfaire le gouvernement qui encourage « un retour à trois opérateurs ».
Bouygues Telecom ancré à Orange ? C’est un nouveau scénario qui apparaît dans la recomposition du marché des télécoms en France. Et si le rapprochement Numericable-SFR (avec Virgin Mobile qui vient d’entrer dans la boucle) n’était qu’un début ?
Jeudi soir, Orange a diffusé un communiqué pour indiquer qu’il « examinait les opportunités qu’offre la recomposition du paysage français des télécoms ». Plus tôt dans la journée, le syndicat CFE-CGC Télécoms diffusait un communiqué sous forme de lettre ouverte au Premier ministre Manuel Valls intitulé : « Sauvons les emplois chez Bouygues Telecom par un rapprochement avec Orange ! ».
Un manifeste alors que Bouygues Telecom envisagerait de procéder à un plan social qui pourrait toucher le quart de son effectif (entre 1500 et 2000 personnes). « Il y aura des conséquences sociales, mais il est encore trop tôt pour évoquer précisément des chiffres », commente-t-on chez le troisième opérateur français.
De son côté, Les Echos confirme l’existence de discussions au sommet : Orange pourrait racheter Bouygues Telecom pour 6 milliards d’euros, en cash et en actions. Martin Bouygues et Stéphane Richard discuteraient de ce projet depuis avril. « Nous évaluons nos options, mais personne ne m’a demandé du côté de l’Etat d’étudier le rachat de Bouygues Telecom », déclare Stéphane Richard. Rappelons que l’Etat est actionnaire à hauteur de 27% d’Orange (ex-opérateur historique France Telecom).
Bouygues Telecom : quelle suite ?
En fait, les mouvements de Bouygues Telecom sont suivis avec attention. Martin Bouygues n’ayant pas réussi à prendre la main sur SFR, la prochaine étape de la consolidation reste ouverte. Logiquement, Iliad-Free cherche à se rapprocher de Bouygues Telecom pour contrebalancer le bloc SFR-Numericable (une proposition pour un rachat à 5 milliards d’euros aurait été émise dans ce sens). Mais Martin Bouygues n’est guère enthousiasmé à l’idée d’avoir Xavier Niel comme principal interlocuteur. Alors, un rapprochement avec Orange constituerait une sortie plus qu’honorable pour Bouygues Telecom…
Evidemment, ces mouvements font réagir le gouvernement. Selon Silicon.fr, le Premier ministre Manuel Valls considérait ce matin à l’antenne d’Europe 1 que les discussions Orange – Bouygues Telecom font figure de « rumeurs démentis par les intéressés » (sic) et rappelle les priorités dans le secteur des télécoms : « l’emploi et l’investissement ».
Tandis qu’au micro de BFM TV, Arnaud Montebourg, ministre de l’Economie, confirme juste des « discussions » entre les deux opérateurs. Il campe sur sa position : il faut « encourager un retour à trois opérateurs » et se battre « pour un secteur en ruine ».
Décret spécial patriotisme économique : Numericable-SFR concerné ? |
En termes d’intelligence économique, la publication du décret n°2014-479 du 14 mai 2014 émis par Arnaud Montebourg constitue un signal de la volonté du gouvernement de scruter les mouvements dans les secteurs stratégiques. Tout investissement étranger sera soumis à autorisation préalable dans cinq domaines jugés essentiels : sécurité énergétique (gaz, électricité, hydrocarbures…), l’eau, les transports, les communications électroniques et la santé publique. Par conséquent, les télécoms entre dans les secteurs jugés stratégiques. Si le dossier Alstom/GE saute aux yeux pour expliquer la publication de ce décret marqué au fer du patriotisme économique, peut-on imaginer que le rapprochement Numericable-SFR soit également scruté de manière similaire ? Le fait que Patrick Drahi réside en Suisse et que le siège social de sa holding Altice (par laquelle il contrôle Numericable) soit basée au Luxembourg, pourrait servir d’arguments pour appliquer la procédure d’autorisation au préalable du gouvernement. |