Election professionnelle chez Orange : du grabuge avec le vote en ligne
Le syndicat CFE-CGC chez Orange proteste contre des bugs liés au vote en ligne. Le prestataire Docapost est critiqué mais la direction du groupe télécoms tempère.
Comités d’entreprise, Commissions Administratives Paritaires, Délégués du Personnel…C’est une semaine d’élection professionnelle chez le groupe Orange. Entre mardi (18 novembre) et jeudi (20 novembre), environ 100 000 salariés du groupe ont été invités à choisir leurs représentants dans les instances pour une durée de trois ans.
Et, pour faciliter la démarche, un portail de vote en ligne « spécial Elections 2014 de l’UES ORANGE » est mis à leur disposition avec un système de code d’accès sécurisé.
Mais la section syndicale CFE-CGC du groupe Orange proteste contre des dysfonctionnements qui rendent la tâche du e-vote plus compliquée que prévu. « Soyez patient, la Direction a visiblement mal choisi son prestataire, avec un site de vote et une hot-line régulièrement saturés », peut-on lire dans une contribution blog de la section syndicale en date du 19 novembre.
Une série de signalements d’anomalies dans le process de vote en ligne a été remontée à la direction des ressources humaines du groupe : interruption de service, saturation du serveur en raison d’un trop grand nombre de votants en simultané, hotline débordé…La CFE-CGC a demandé à la direction un report ou une prolongation du scrutin.
Contacté par ITespresso.fr, le service communication du groupe télécoms tempère : « Il y a eu effectivement eu un problème technique en début de processus lié à l’affluence des votants à l’ouverture du vote à 14h00. Le processus de vote se déroule depuis normalement et l’on s’achemine vers un taux de participation élevé. Nous communiquerons à l’issue du vote sur les résultats et le taux de participation. »
Au regard du nombre potentiel de participants, ce vote en ligne constitue un exercice de gestion RH intéressant dans le cas d’une grande entreprise comme Orange France. Car c’est le principal canal de participation au scrutin à l’échelle d’un tel groupe.
Selon nos information, c’est Docapost, une filiale du groupe La Poste, qui a été retenue par la direction d’Orange pour gérer cette procédure de vote en ligne. Elle a succédé à Voxalys pour réaliser ce type de prestation BtoB.
Nous avons essayé de contacter Docapost pour avoir des explications sur les failles techniques relevées avec le process de vote en ligne mais cette branche de La Poste, spécialisée dans la dématérialisation, n’a pas donné suite à nos sollicitations.
Trop de bugs tuent le vote en ligne ?
Cette série de bugs serait-elle susceptible de remettre en cause les scrutins ? « Dans ses conditions, comment être sûr que chaque vote sur Internet a vraiment été pris en compte ? », s’interroge l’un des responsables syndicaux qui a préféré garder l’anonymat.
La publication des résultats des élections est attendue vendredi soir. Mais il est probable que les sections syndicales vont scruter le taux de participation, les logs de vote et les notifications de confirmation de vote avec une grande attention.
En cas de constat de dysfonctionnements trop flagrants, l’affaire pourrait aboutir en justice pour examiner une présumée non-sincérité des scrutins organisés.
Les enjeux syndicaux sont de taille. Selon Le Figaro, les deux premières organisations – la CGT et la CFDT – seraient au coude-à-coude dans cette bataille électorale. Mais les luttes d’influence sont importantes. Sur la seule question du recours au vote électronique, la division était claire : deux sections ont accepté le principe (CFDT et CFE-CGC), deux autres l’ont refusé (FO et Sud).
Les syndicats ne sont pas tendres entre eux non plus. La CFE-CGC a même saisi le tribunal de grande instance du XVème arrondissement de Paris à l’encontre de CGT [correctif 21/11/14 à 13h32 : et non FO comme indiqué auparavant, ndlr] et Sud pour des pratiques de spam visant les collaborateurs d’Orange.
Pour quels griefs ? « Absence d’égalité de traitement et « ‘constitution de fichiers non déclarés ». » Les syndicats pointés du doigt n’auraient pas respecté l’engagement de ne pas utiliser les e-mails professionnels des salariés d’Orange pour diffuser des messages syndicaux.
Une première audience devant le TGI s’est déroulée la semaine dernière. Une deuxième est attendue le 8 décembre prochain.
Update 23h39 : Officiellement, le taux de participation est de 74% jeudi soir à la clôture du scrutin. Grosse mobilisation des salariés d’Orange donc malgré les soucis techniques rencontrés avec le vote en ligne.