Elections régionales : le numérique plutôt délaissé
Baromètre Renaissance Numérique : 95% des candidats aux régionales ont évoqué le numérique dans leurs programmes. Une posture plus qu’un engouement.
Il faut vraiment avoir la foi dans le numérique pour trouver un réel intérêt de la part des candidats dans ce domaine dans le cadre des élections régionales.
Le think tank Renaissance Numérique a publié à cette occasion un baromètre sur la présence des outils et usages numériques dans les programmes des candidats des trois partis les plus influents (Les Républicains, Parti socialiste et Front national) lancés dans cette course en France métropolitaine.
C’est une bonne idée au fond. Le think tank trouve même des « raisons d’être optimiste » : Si 95 % des programmes se réfèrent au numérique (en majorité comme levier de croissance économique et de renouvellement de la démocratie locale), est-ce un vrai débat qui descend en région ? On tendrait à penser qu’il s’agit davantage d’une posture que d’un véritable engouement.
S’il n’y a pas de grande disparité entre les douze régions étudiées, Renaissance Numérique estime que la Bourgogne-Franche-Comté se distingue par « le degré de numérisation des programmes candidats ».
Vraiment ? SiliconComté, une association qui tente de promouvoir les leviers numériques au niveau local, considère que « le numérique serait un faible enjeu des élections régionales ».
Elle a interpellé tous les candidats à ce scrutin en leur demandant d’exposer leurs idées, projets et ambitions en matière de développement des infrastructures, usages et services numériques dans la future grande Région Bourgogne Franche-Comté.
Bilan : quatre candidats sur 10 ont accepté de se prêter au jeu. Ils viennent des camps LR-UDI, Modem, PS et UPR.
« Le bilan de la consultation est mitigé. Nous sommes déçus que tous les candidats n’aient pas répondu à notre questionnaire envoyé en octobre dernier », commente Nicolas Guillaume, Vice-président de l’association Silicon Comté qui regroupe 100 adhérents (professionnels, entreprises du numérique en Franche-Comté).
« Nous avons donc publié toutes les réponses reçues à ce jour, ce qui permet à nos adhérents et à l’ensemble de l’écosystème numérique franc-comtois de juger de la qualité des propositions… en espérant qu’elles deviennent réalité lors du mandat de la personne qui présidera la future Grande Région. »
20% des programmes co-construits avec les citoyens
Pour revenir à l’étude de Renaissance Numérique, des marques d’intérêt pour des développements IT se distinguent sur des sujets comme le (très) haut débit et la fin des zones blanches sur tout le territoire, la multiplication des systèmes de vidéo-surveillance, un accès au covoiturage facilité, la possibilité pour tous de travailler dans des espaces de coworking et un volet de participation citoyenne (open data, budgets participatifs, crowdfunding…) pour doper la démocratie locale et simplifier les démarches administratives.
Le collaboratif s’enracine-t-il localement ? Le think tank parisien évalue à 20 % le nombre de programmes « co-construits avec les citoyens ».
Guillaume Buffet, qui achève en fin d’année son mandat de Président de Renaissance Numérique, perçoit à travers les propositions des candidats des engagements pour « faire du numérique un levier de croissance, d’empowerment et de renouveau ».
L’une des revendications est plus perceptible en région : l’aménagement numérique du territoire reste à approfondir.
Illustration : juste avant les élections départementales de mars dernier, le Premier ministre Manuel Valls avait exigé de la part des opérateurs mobiles qu’ils couvrent les zones blanches (au moins en 3G) d’ici 18 mois.
Au regard des sujets graves à traiter (sécurité, chômage), le numérique n’est à considérer que sous l’angle d’un outil au service des élus pour se rapprocher des citoyens. Et vice-versa.
Mais il n’est pas évident que les candidats soient vraiment sensibles à cet enjeu a minima.