Elysée 2012 : Europe Ecologie – Les Verts : « Hadopi : le running gag du mandat précédent »
Interview de Frédéric Neau, qui gère la campagne Web d’Europe Écologie – Les Verts. Il aborde la vision de son parti sur l’économie numérique, sur une alternative Hadopi, la « green IT » et les PME innovantes.
Dans le cadre de l’élection présidentielle, ITespresso.fr a interviewé Frédéric Neau, présenté comme le « Référent Libertés Numériques » d’Europe Écologie – Les Verts et co-animateur de la campagne Web d’Eva Joly.
On se souvient qu’EE-LV avait été qualifié de « parti le plus geek » de France par le spécialiste de la politique et du Web Benoît Thieulin (La Netscouade).
Et la candidate Eva Joly tente effectivement d’imposer dans la campagne les thèmes du logiciel libre, de la contribution généralisée à la création ou du développement de l’économie numérique.
Sans beaucoup de succès en l’état actuel, reconnaissons-le.
Frédéric Neau fait pourtant son possible pour aider la candidate EEL-LV.
Il a 36 ans, c’est un ingénieur (EFREI – IAE Aix-en-Provence) et est un spécialiste de la Net-économie et de l’entrepreneuriat.
Entre 1997 et 2001, il a développé Topouaibe.com (fermé en 2003) et disposait d’un poste de webmaster chez Beenz.com (service de monnaie virtuel, également fermé).
Ensuite, il est parti 15 mois en Côte d’Ivoire pour le compte de l’Agence française de développement.
Entre 2001 et 2007, il dirige les activités Web de la Maison du Whisky, et devient militant chez les Vert en 2004.
A partir de 2007, il devient responsable des différentes campagnes web d’EE-LV et animateur de la communauté des éécologeeks ».
Il aide notamment à « mettre le numérique dans tous ses états au cœur des pratiques militantes et des thématiques d’EE-LV. »
ITespresso.fr : Comment se passe la campagne jusqu’à présent ? Et la campagne Web ?
Frédéric Neau : La campagne se passe un peu comme chaque campagne présidentielle : on parle surtout des gens avec une voix forte [au lieu des programmes]. Nous, on parle d’une manière apaisée, mais on a du mal à se faire entendre.
Par exemple, pour sortir du nucléaire, notre position ce n’est pas de les remplacer par des éoliennes. C’est un ensemble de mesures qui commence par des économies d’énergie : il faut revoir le mode de chauffage, l’isolation et l’architecture des bâtiments, revoir les transports…
Sur le Web en particulier, ça se passe gentiment parce que, finalement, la campagne se fait surtout sur Twitter. Or aucun des différents candidats ne se lance vraiment à fonds sur Internet. Pourtant, on arrive à la dernière ligne droite de la campagne.
Mais les questions Web et numérique en général ne marchent pas tellement dans cette campagne. Le débat ne démarre jamais, il a dérivé sur le hallal et l’immigration, et on n’arrive pas à s’en sortir et reparler du numérique et de l’écologie, des grandes transformations du monde.
On se replie sur le passé et on joue à se faire peur.
Je regrette beaucoup que le débat de la présidentielle ne porte pas plus sur le numérique et les PME innovantes : on voit bien que toute l’industrie essaie de se mobiliser pour porter ces sujets, mais les candidats restent un peu mous là-dessus, comme sur tous les sujets un peu sérieux.
Au niveau du financement des entreprises il y a beaucoup de choses à faire, par exemple le regroupement de petits investisseurs pour mieux accompagner les start-up.
Sur tous les sujets, les politiques ne sont pas à la hauteur des enjeux. Clairement pas.
On ne peut pas abaisser nos salaires au niveau des chinois ou fermer les frontières. Il faut se saisir des problématiques du numérique et de l’écologie. Nous pensons qu’ils sont extrêmement liées. Et aborder le financement, l’organisation de la production, de la consommation…
(La suite page 2 : Abroger la Hadopi et financer la création)