Elysée 2012 : Frilosité des médias, frivolité de Twitter
Premier tour de l’élection présidentielle, les médias qui souhaitaient défier la loi en publiant des évaluations avant 20h00 dimanche soir ont freiné leurs ardeurs. Twitter a servi de cour de récréation.
Twitter délivre des messages codés
Sur le site du quotidien La Libre Belgique, une « première projection » est donnée à 19h02 sourcée Twizz Radio et les fourchettes sont étonnament proches de la réalité (en les comparant à celles révélées officiellement après 20h00) : François Hollande en tête avec 27-30%. Il est suivi par Sarkozy (24-27), Le Pen (18-22), Mélenchon (9-12), Bayrou (7-10), Joly (2-3).
Du côté de la Suisse, LeTemps.ch passe la main : pas de publication anticipée des estimations de votes de l’élection présidentielle française.
Motif invoqué : « Les neuf principaux instituts de sondage français qui recueillent et élaborent pareilles estimations ont promis de ne pas communiquer ces résultats aux médias étrangers qui ne respecteraient pas l’embargo de 20h00. Dès lors ces sondages ne sont plus accessibles que de seconde main et ne peuvent être publiés qu’au mépris des engagements pris par les instituts. Au vu de cette situation nouvelle, née de l’exacerbation de la polémique liée à une publication anticipée, Le Temps, après réflexion et pesée précise des intérêts, a décidé de ne publier ces estimations que dès 20h01, dans le respect des embargos décidés. »
Selon LaDépêche.fr, l’AFP a diffusé dès 18h45 les premières estimations : « Plusieurs médias étrangers ayant diffusé des estimations basées sur les premiers dépouillements des bureaux de vote qui ont fermé à 18H00, l’AFP met à la disposition de ses clients les informations sur les estimations qui sont en sa possession. »
Avec un avertissement « La diffusion de ces informations auprès du grand public est de la seule responsabilité des clients [les médias qui achètent les fils de dépêches de l’agence de presse, ndlr]. »
« L’AFP ne diffusera aucune information sur les estimations auprès du grand public via ses services internet avant 20H00. »
Malgré ces précautions, la Commission des sondages aurait décidé de saisir le parquet de Paris afin de poursuivre l’AFP.
Outre l’agence de presse, l’enquête viserait deux médias belges, un média suisse, un site Internet basé en Nouvelle Zélande et un journaliste belge qui aurait envoyé les estimations par tweet.
Car, finalement, c’est sur Twitter que l’interdiction a été contournée sous forme de la dérision.
Sous le « hashtag » Radiolondres, on trouvait des indices codés sur les grandes tendances de vote.
Genre « Les Pays-Bas [camps de François Hollande] sont devant la Hongrie [lié aux origines de Nicolas Sarkozy] » ou « Le flan [Hollande] et la rolex [Sarkozy] courent devant Jeanne d’Arc [Le Pen] et Robespierre [Melenchon]. »
On verra quand le suspense va monter d’un cran avec le deuxième tour.
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