Fleur Pellerin : « Le numérique au carrefour des priorités de François Hollande »

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Interview de Fleur Pellerin, Responsable du pôle « Société et économie numériques » dans l’équipe de campagne de François Hollande.

ITespresso.fr : A votre avis, pourquoi les acteurs du numérique ont le sentiment de ne pas avoir été écoutés et entendus au cours de cette campagne présidentielle ?
Fleur Pellerin : Vu l’état dans lequel la droite laisse notre pays, il est normal que les Français se préoccupent avant tout de l’emploi, du pouvoir d’achat, du logement, de la dette, de l’avenir de la jeunesse et de l’Europe…

Ces grandes questions ont donc naturellement occupé une place centrale dans la campagne.

Pour autant, le numérique sera une des clés de la sortie de crise et je souhaite que les acteurs du numérique y prennent toute leur place.

ITespresso.fr : On a l’impression que le numérique est délaissé car « électoralement non payant ». Qu’en pensez-vous ?
Fleur Pellerin : Le numérique est au cœur du quotidien de presque tous les électeurs.

François Hollande est conscient de l’importance de ces enjeux et c’est pourquoi il a choisi d’en faire un volet important du projet présidentiel.

Son programme est dense : grand plan pour le numérique dans la formation, généralisation de l’option numérique au baccalauréat dans toutes les séries générales et technologiques, très haut débit pour tous en dix ans, politique industrielle et fiscalité incitant à l’investissement et l’innovation, acte II de l’exception culturelle pour favoriser l’accès aux œuvres culturelles en ligne, habeas corpus numérique, retour à la justice fiscale vis-à-vis des géants de l’Internet…

Il est aujourd’hui le seul, parmi les candidats, à prendre en compte le  numérique dans pratiquement tous les chapitres de son projet.

ITespresso.fr : Dans quelle mesure considérez-vous le numérique dans le débat de la ré-industrialisation en France ?
Fleur Pellerin : Je suis convaincue que la ré-industrialisation de la France passera non seulement par la relocalisation, mais aussi par l’invention de nouvelles formes industrielles – celles qui intègrent étroitement le numérique.

[Cela passera par] des prises de position sur de nouveaux secteurs comme les objets communicants qui incorporeront de plus en plus d’intelligence et seront reliés à nos téléphones intelligents et à nos tablettes, les big data, les appareils médicaux connectés et miniaturisés, les procédés de fabrication dématérialisés, le design.

De façon générale, il nous faudra concevoir  et  produire, en France et en Europe, des produits qui n’existent pas encore.

ITespresso.fr : Le financement des acteurs dans le secteur IT se tarit. Comment redonner un élan ?
Fleur Pellerin : Le projet de François Hollande prévoit une banque publique d’investissement pour les PME et les entreprises innovantes, une refonte de la fiscalité en faveur de l’investissement et de l’innovation, une extension du domaine d’applicabilité du crédit d’impôts recherche…

Dans le domaine du numérique, je suis préoccupée par la question du capital-risque, qui périclite littéralement.

Le grand emprunt a échoué à structurer une industrie du financement  de l’innovation. Il faudra y remédier.

ITespresso.fr : Un ministère du numérique, serait-ce pertinent à vos yeux ?
Fleur Pellerin : Je vois trois étapes dans la maturation du numérique.

Il y a d’abord eu l’enfance – heureuse ! -, sous le gouvernement Jospin, où l’enjeu était de donner une impulsion numérique dans les politiques publiques.

Il y a eu une adolescence longue et difficile, sous la droite, avec une accumulation désordonnée d’initiatives et d’institutions.

Le numérique doit désormais entrer dans l’âge adulte. Il touche des secteurs aussi différents que la robotique, les jeux vidéos, la santé ou l’audiovisuel ce qui veut dire à la fois un portage visible et une administration compétente et rassemblée.

(la suite de l’interview page 3 : « la question de l’après-Hadopi est essentielle à nos yeux »)

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