Fleur Pellerin : « Le numérique au carrefour des priorités de François Hollande »

ITespresso.fr : Hadopi : on a compris que ce n’était pas une priorité dans votre programme. Quelle réponse alternative souhaitez-vous apporter à la lutte anti-piratage et développement de l’offre légale ?
Fleur Pellerin : Au contraire, la question de l’après-Hadopi est essentielle à nos yeux.

Hadopi a fait perdre un temps précieux à notre pays car elle est injustice et inefficace : aucune solution n’a été apportée à la question de la rémunération des artistes et le dispositif répressif a été aussitôt battu en brèche par les nouveaux modes de partage.

Nous organiserons donc une large concertation pour dégager un « acte II » de l’exception culturelle, qui permettra une large diffusion des œuvres culturelles en ligne dans le respect du droit d’auteur, et avec le souci d’assurer des sources de financement pérennes pour la création.

ITespresso.fr : Open data : comment comptez-vous vous distinguer sur le sujet par rapport au programme gouvernemental Etalab déjà établi ?
Fleur Pellerin : Je n’ai pas à me distinguer par principe. La droite aura mis près de huit ans à appliquer la directive communautaire sur les données publiques.

Ce que chacun constate, c’est d’abord qu’Etalab s’est développé sans aucune concertation avec les collectivités locales, qui ont pourtant été pionnières en la matière et acquis une longue expérience qu’il est dommage de ne pas chercher à partager.

Je pense par exemple à Nantes, Paris, Bordeaux, Montpellier, Brest, Rennes, La Saône-et-Loire…

Ensuite, il faut remonter d’un cran le niveau d’ambition si l’on veut réellement que la politique d’open data devienne un enjeu démocratique et économique.

Pourquoi ne pas inclure l’effort de mise à disposition des données publiques dans les indicateurs de performance des administrations et opérateurs publics ?

Pourquoi ne pas le généraliser aux données de culture et de recherche ?

ITespresso.fr : Déploiement de la fibre : quelle nouvelle impulsion souhaitez-vous donner ?
Fleur Pellerin : François Hollande a annoncé sa volonté d’apporter le très haut débit pour tous en dix ans.

Il faudra pour cela procéder par étapes et je souhaite que tous les Français puissent déjà disposer d’un accès à haut débit digne de ce nom à l’horizon du quinquennat.

Pour relever le défi de l’équipement de notre pays en infrastructures numériques du XXIème siècle, il faudra aussi mettre fin à cette opposition stérile que la droite a entretenu entre opérateurs privés et collectivités locales.

Je souhaite que l’État sorte de ce rôle de pompier-pyromane et se mobilise pour jouer le chef d’orchestre dans le respect des libertés de chacun.

Les collectivités locales doivent être soutenues et accompagnées dans leur action, ce qui suppose que l’État s’organise en conséquence.

ITespresso.fr : Dans quelle mesure utilisez-vous Internet à titre individuel ? Quel est votre service favori ?
Fleur Pellerin : J’utilise beaucoup l’internet mobile pour lire la presse, Twitter, ou consulter Facebook.

J’utilise aussi beaucoup Deezer et Spotify pour la musique, la VOD (légale évidemment !) pour les films que je n’ai plus le temps de voir en salle, la replay TV et le streaming…

J’avoue que j’aurais du mal à passer une journée sans mon smartphone… J’attache aussi une grande importance à transmettre une capacité d’utilisation intelligente à ma fille.

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