Entretien avec Emanuele Levi, co-dirigeant de 360° Capital Partners, fonds d’investissements spécialisé dans les nouvelles technologies, et membre fondateur de l’association France Digitale, qui réunit de 100 professionnels du numériques (entrepreneurs, investisseurs et start-up).
(Interview téléphonique réalisée le 15 janvier 2013)
ITespresso.fr : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les activités de 360° Capital Partners ?
Emanuele Levi : 360 Capital Partners est une société de gestion qui existe depuis 1997. Nous gérons environ 300 millions d’euros via trois fonds différents : un fonds initié en octobre 2012, ayant fait l’objet d’un closing de 60 millions d’euros, un fonds datant de 2007 doté d’un budget de 102 millions d’euros et un fonds de 2000 de 130 millions d’euros.
ITespresso.fr : Quelle est la nature de vos investissements dans le secteur des nouvelles technologies ?
Emanuele Levi : Nous possédons une stratégie à 360 degrés sur l’innovation. Concernant la France, qui reste notre premier marché d’investissements à hauteur de 60%, derrière l’Italie et l’Allemagne, nous intervenons au niveau de l’amorçage d’une start-up, puis en premier et deuxième tour.
Concernant l’amorçage, nous mettons sur la table une enveloppe comprise entre 200 000 et 1 million d’euros, avec une moyenne à 500 000 euros. Pour un premier tour de table, l’investissement se situe entre 2 et 4 millions.
Nous avons réalisé en 2012, à partir de notre fonds 2007, 17 investissements actifs dans des start-up, dont une petite dizaine en France. Pour 2013, notre fonds 2012 servira à financer environ 3 entreprises en France.
ITespresso.fr : Quels sont les secteurs de l’IT qui vous semblent aujourd’hui les plus porteurs ?
Emanuele Levi : Nous restons ouverts sur l’innovation. Nous nous intéressons particulièrement à des start-up ayant trait au « offline to online », au e-commerce collaboratif, au big data, et le mobile au sens large, comme les applications mobiles. Mais ce secteur reste compliqué avec des gros acteurs présents : Google, Apple, les opérateurs mobiles…
ITespresso.fr : Parmi les start-up dans lesquelles vous avez investi, quelles sont celles qui se sont faites remarquer ?
Emanuele Levi : Parmi nos investissements, quelques-unes affichent une belle croissance. Citons le portail Web de vente automobile Aramis Auto, le système de cagnotte en ligne Leetchi, ou encore l’e-shop dédié au jean’s SoJeans.
Plus généralement, en France, de très jolies réussites existent comme Covoiturage.fr, sans oublier des « champions » comme Criteo.
ITespresso.fr : Avez-vous des sorties à votre actif ?
Emanuele Levi : Sur le fonds 2007, nous sommes récemment sortis de Bmeye, qui développe du matériel médical avec des applications embarquée, avec un bon retour sur investissement.
En 2012, nous nous sommes pas mal désengagés de Yellow Corner, avec une sortie partielle.
ITespresso.fr : En tant que membre fondateur de l’association de France Digitale, quel regard portez-vous sur notre écosystème de start-up en France ?
Emanuele Levi : L’écosystème digital français reste exceptionnel. Il est le premier écosystème en Europe en nombre de création de start-up. Mais des sujets d’inquiétude demeurent, comme la chaîne de financement. Les jeunes pousses ont de plus en plus de mal à lever des fonds.
Sans oublier le thème de la fiscalité qui a été modifié par le Projet de Loi de Finance 2013, et devient très problématique. Non seulement à cause de la hausse très importante des impôts et du risque de génération de conflits entre actionnaires compliqués à gérer, concernant la taxation des plus-values.
Ainsi, en fonction de votre niveau de participation dans l’entreprise, votre fiscalité change de façon importante.
La volonté de corriger ce système semble exister. Mais si je dois me limiter aux résultats actuels, rien n’est très positif. Et le changement est urgent… Le risque d’expatriation des créateurs d’entreprise est à craindre.
ITespresso.fr : Quels conseils donneriez-vous aux start-up qui cherchent à lever des fonds ?
Emanuele Levi : Il faut avant tout de l’ambition. Il faut oser et voir grand. Il faut également disposer d’un solide modèle économique, pour assurer la rentabilité de la start-up.
L’équipe doit s’entourer des bonnes personnes. Le pari des investisseurs se fait avant tout sur l’équipe, qui se doit d’être crédible.
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