À défaut de pouvoir s’attaquer au roi, on s’en est pris au prince.
Ce sentiment, c’est celui d’Emil Michael. Tout du moins d’après deux de ses proches dont Bloomberg dit avoir recueilli les témoignages.
L’intéressé était arrivé chez Uber en septembre 2013, en provenance de la société Klout, spécialisée dans la mesure de l’influence des internautes sur les réseaux sociaux. Il avait gravi les échelons jusqu’à devenir le bras droit de facto du CEO Travis Kalanick.
On le disait sur la sellette après la réunion organisée ce dimanche par le conseil d’administration, dont les membres ont approuvé à l’unanimité des préconisations parmi lesquelles figurent son éviction.
Les recommandations votées par le CA sont inscrites dans le « rapport Holder », du nom de l’ancien procureur général des États-Unis.
Aujourd’hui associé au cabinet d’avocats Covington & Burling, il avait été sollicité en février dernier pour mener une enquête « indépendante » destinée à faire la lumière sur la culture de l’entreprise et les pratiques de son management. Une décision prise dans la lignée de la polémique enclenchée par une ancienne collaboratrice – l’ingénieure Susan Fowler – qui avait dénoncé le laxisme de la direction sur les problématiques de sexisme.
Pointé du doigt pour avoir publiquement appelé, en 2014, à investiguer certains journalistes, Emil Michael était également dans le collimateur de certains de ses collaborateurs pour s’être rendu, lors d’un déplacement professionnel en Corée, dans un bar escort en compagnie, entre autres, de Travis Kalanick. Le média The Information avait révélé l’affaire l’an dernier.
Emil Michael est aussi impliqué dans le dossier qui a coûté sa place à un autre haut responsable d’Uber ; en l’occurrence Eric Alexander. Celui-ci supervisait l’activité du groupe en Asie au moment où un chauffeur a été arrêté, puis condamné pour le viol d’une passagère.
S’étant persuadé qu’il s’agissait d’un coup monté par Ola, principal concurrent d’Uber sur place, Eric Alexander, alors placé indirectement sous la responsabilité d’Emil Michael, avait obtenu et partagé en interne des données médicales relatives à la victime, afin de démontrer qu’elle avait été agressée, mais pas violée.
Emil Michael était connu, en interne, comme le négociateur des levées de fonds, des partenariats tels que celui noué avec Daimler et des acquisitions comme celle d’Otto (camions autonomes).
David Richter, jusqu’alors vice-président aux initiatives stratégiques, prendra sa suite. Il est décrit, selon Recode, comme pragmatique, mais ne fait pas l’unanimité dans les équipes d’Uber.
Crédit photo : compte Instagram @uber
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