L’empire Motorola en quête d’un repreneur ?
Ce qui reste de Motorola après la revente de l’activité mobile à Google pourrait bientôt tomber dans l’escarcelle d’un concurrent ou d’un fonds d’investissement.
Bientôt la fin de toute activité indépendante pour Motorola ?
Le groupe télécoms américain, fondé il y a près d’un siècle, s’était déjà séparé de son unité de production de terminaux mobiles (Mobility) en 2012. Il s’apprêterait à boucler la dernière étape de son démantèlement en revendant sa division Solutions, spécialisée dans les équipements de communication radio.
D’après plusieurs sources dites « proches du dossier » par Bloomberg, l’opération n’est pas imminente, mais elle est à l’étude depuis plusieurs mois. Parmi les favoris pour reprendre le flambeau figurent, outre des acteurs du capital-investissement, plusieurs sociétés impliquées dans la défense et l’aérospatiale : General Dynamics, Honeywell, Raytheon…
La première impulsion avait été donnée en 1928 à Chicago : la société Galvin Manufacturing – qui allait devenir Motorola deux ans plus tard – lançait son premier produit, permettant de connecter au réseau électrique des équipements fonctionnant sur piles.
Le portefeuille s’élargit au fil des décennies pour toucher au talkies-walkies, aux systèmes de téléphonie pour automobiles, mais aussi aux téléviseurs ou encore aux semi-conducteurs (cette branche étant émancipée en 2004 pour devenir Freescale Semiconductor). Les années 1970 marquent les premières expérimentations autour de téléphones cellulaires « portables » (4 à 5 kg), grâce au réseau développé par AT&T.
Motorola essuie un revers en 2006 lorsque Apple abandonne ses processeurs RISC PowerPC au profit de l’architecture x86 d’Intel. La situation se tend aussi sur le marché de la téléphonie mobile et se ressent sur les résultats financiers.
Début 2010, sous la pression de l’investisseur activiste Carl Icahn (qui s’est distingué ces derniers temps sur le dossier eBay-PayPal et la sortie de Bourse de Dell), la société annonce son intention de scinder ses activités en deux pôles autonomes : les équipements professionnels (Solutions, entité succédant à Motorola sur le plan légal) et les terminaux mobiles (considéré comme une émanation).
L’opération intervient début 2011. Entre-temps, Motorola a cédé son activité d’équipementier réseau à Nokia Siemens Networks, pour 1,2 milliard de dollars. Quelques mois plus tard, Motorola Mobility passe dans le giron de Google, pour environ 12,5 milliards. Le groupe Internet américain en a revendu des morceaux choisis l’année dernière au Chinois Lenovo (pour 2,9 milliards), tout en conservant l’essentiel de la propriété intellectuelle.
Dans l’état actuel, reste Motorola Solutions, basé dans l’Illinois. Malgré sa diversification stratégique dans le secteur de la distribution avec notamment des scanners, l’entreprise affiche, sur l’année 2014, un chiffre d’affaires en recul de 6 % et un bénéfice net en repli de 33 %. Ses prévisions ne sont guère plus optimistes pour 2015.
Ces rumeurs de revente ont porté le cours boursier de Motorola Solutions : l’action MSI, cotée sur le NYSE, a brièvement atteint les 70 dollars ce vendredi après la clôture, avant de se stabiliser à 69,02 dollars (contre 64,66 dollars en fermeture).
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