En plein marasme, Apple améliore sa marge
La firme à la Pomme a fait paraître des résultats meilleurs que ceux attendus par les analystes financiers sur son dernier trimestre financier pour 2001. Si les bénéfices baissent d’un peu plus de 61 % d’une année sur l’autre, la marge brute d’Apple peut surprendre : elle passe de 25 à 30 % ! Malgré des ventes sur le déclin, la performance de la firme augmente.
« Nous sommes très fiers de présenter des résultats solides dans un environnement économique très rude. » La voix du directeur financier d’Apple ne trompe pas : Fred Anderson, le CFO (Chief Financial Officer) de la firme, montre un soulagement certain. Avec 1,45 milliard de dollars de chiffre d’affaires (1,6 milliard d’euros), la firme est très clairement en perte de vitesse par rapport au même trimestre de l’année dernière. Mais les conditions économiques ont changé : l’année 2000 a connu un coup de frein sérieux entre l’été et l’automne, avec une catastrophique fin d’année (voir édition du 8 décembre 2000). Pour 2001, la société, qui s’est reprise après avoir averti de mauvais résultats sur son premier trimestre fiscal, s’en sort plutôt bien : elle dégage un bénéfice sur le dernier trimestre de quelque 66 millions de dollars (près de 73 millions d’euros), en chute libre par rapport à celui de l’année dernière à la même époque (170 millions de dollars – 189 millions d’euros).
Malgré ces piètres résultats et dans une situation économique où la grande majorité des acteurs présentent des comptes mal assurés, Apple fait passer sa marge brute de 25 à 30 %. La marge brute des sociétés indique le niveau de valeur dégagé en soustrayant les coûts de production aux ventes réalisées. Plus cet indicateur est élevé, plus la valeur dégagée augmente, généralement au plus grand bénéfice des actionnaires et des finances de la société. Par comparaison, la marge brute de Dell, le leader informatique du moment, reste figée à 18 %, alors même que son modèle de fonctionnement fait l’objet des louanges de la part des spécialistes économiques. Cette croissance de la marge brute d’Apple est vraisemblablement due à de multiples facteurs. La firme a fortement bénéficié de la baisse massive des prix des composants (mémoires et écrans plats, selon Anderson) et a résisté au même moment à une trop forte baisse de ses tarifs en cherchant à améliorer certaines de ses machines. Les résultats des ventes tendent à valider cette hypothèse : sur le dernier trimestre, la firme s’est surtout appuyée sur les ventes de ses machines de bureau professionnelles, les PowerMac G4 qui embarquent depuis peu le processeur G4 à 867 MHz (il s’en est vendu 284 000 unités), tandis que du côté du grand public, l’iBook fait un malheur (251 000 unités vendues sur le trimestre, 441 000 machines ont été vendues en quatre mois depuis son introduction). Ces deux machines, les plus récentes, ont été les seules renouvelées par la firme durant les cinq derniers mois.
Prudence pour le trimestre prochain
Dans le même temps, les ventes d’iMac et de PowerBook G4 ont ralenti. Les deux ordinateurs n’ont pas fait l’objet d’une amélioration, au contraire des autres modèles. On s’aperçoit donc qu’au moins jusqu’aux attentats de septembre aux USA, les clients de la firme continuaient à attendre des modèles plus puissants pour ce qui est des professionnels, et plus innovants pour ce qui est du grand public. Si les PowerBook G4 et iBook mis à jour récemment répondent à ces critères, ce n’est toujours pas le cas de l’iMac, dont les ventes ne rebondiront qu’une fois la machine drastiquement renouvelée, à l’image de l’iBook. La firme a également fait baisser ses dépenses de fonctionnement, malgré l’accroissement de son budget de R&D et l’embauche de salariés destinés à pourvoir ses nouveaux magasins et à participer à des opérations commerciales aux Etats-Unis. Le prochain trimestre risque d’être moins rose : Fred Anderson préfère être prudent et annonce des résultats moins élevés que ceux initialement prévus, en raison des incertitudes pesant sur la consommation des ménages.