Pas de locaux, de véhicules et d’enseignants salariés, ce qui permet de réduire de 50 % le prix de la formation, tout en bénéficiant d’un traitement administratif équivalent à celui d’une auto-école traditionnelle.
Ce pitch pourrait être celui de start-up comme Ornikar ou Édukar, qui entendent rendre plus flexible et moins onéreux l’apprentissage de la conduite en dématérialisant les démarches.
C’est, en l’occurrence, celui d’EVS Auto-École.
La SAS fondée en 2014 à Paris préfère se présenter sous la marque commerciale « En Voiture Simone », adoptée en référence Simone des Forest, l’une des premières femmes françaises titulaires du « papier rose » – qui n’arborait pas encore cette couleur lorsqu’elle l’a obtenu en 1929.
Ce modèle, que l’équipe fondatrice assimile volontiers à « un Uber de l’auto-école », a séduit Supernova Invest.
La société d’investissement, qui associe le Commissariat à l’énergie atomique et le gestionnaire d’actifs Amundi avec une enveloppe de 250 millions d’euros* qu’il est question de porter à 1 milliard à l’horizon 2020, contribue à un tour de table de 2 millions d’euros.
L’opération, sans précédent pour la start-up dont les cofondateurs Édouard Rudolf et Édouard Polese assurent conjointement la direction générale, accompagnera notamment le développement d’applications mobiles pour les élèves et les enseignants.
Ces derniers sont aujourd’hui « plus de 150 » entre Paris, Lyon, Lille, Bordeaux et Toulouse.
Titulaires du Brevet pour l’exercice de la profession d’enseignant de la conduite automobile et de la sécurité routière (ou d’un diplôme équivalent), ils travaillent sous le régime de la microentreprise. Les frais associés au véhicule sont donc à leur charge : carburant, éventuelle location et assurance (un partenariat a été établi avec AXA).
En Voiture Simone leur promet une rémunération à hauteur de 25 euros de l’heure et la possibilité de travailler lorsqu’ils le souhaitent tous les jours entre 7 h et 23 h.
La contrepartie : accepter d’être notés par les élèves, qui peuvent, de leur côté, prendre des heures de conduite à la carte ou souscrire un « pack permis » à 749 euros TTC qui couvre l’ensemble du processus, de la préparation pour le code à l’accompagnement à l’examen pratique.
Ornikar et Édukar ont, dans leur catalogue, des prestations similaires au même prix, tout comme Auto-école.net, qui va plus loin en proposant par exemple le permis à un euro par jour.
En Voiture Simone n’y est pas habilité, mais la loi Macron lui a ouvert des perspectives, en mettant ses candidats libres sur un pied d’égalité avec ceux issus des auto-écoles.
Ces dernières avaient attaqué la start-up en justice en contestant la validité nationale de l’autorisation préfectorale qu’elle avait obtenue en 2015, lui permettant de commencer à exploiter sa plate-forme.
Le tribunal de grande instance de Paris avait reçu la plainte déposée dans ce sens par l’Union nationale des indépendants de la conduite… et lui avait donné raison en mai 2016.
Quelques semaines plus tard, En Voiture Simone était parvenu à faire renverser l’ordonnance de référé, la cour d’appel de Paris estimant que son exercice sur tout le territoire français ne constituait pas « un trouble manifestement illicite ».
Le dossier aura coûté, comme Édouard Rudolf l’avait expliqué aux Échos, quelque 50 000 euros à la start-up, aujourd’hui présente à Paris, Lyon, Lille, Bordeaux et Toulouse.
L’objectif d’extension à « l’ensemble des grandes agglomérations françaises » au cours de l’année 2018 impliquera des recrutements. Il est question de tripler l’effectif qui compte une dizaine de personnes.
En toile de fond, l’aventure du concurrent lyonnais PermiGo, qui s’est terminée, en mai 2017, par une liquidation judiciaire. Et la grogne des auto-écoles, descendues dans la rue au printemps dernier dans le cadre de la campagne présidentielle.
* En intégrant le fonds Crédit Agricole Innovations et Territoires, dont Supernova Invest assure la gestion.
Photo via Visualhunt
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