Comment renforcer le contrôle sur les réseaux sociaux face aux dérives de propagande djihadiste ? Eric Ciotti pousse une idée : « Rendre obligatoire la vérification de l’identité des membres français souhaitant ouvrir un compte Twitter, Facebook ou Snapchat ». Libre ensuite à l’internaute de s’exprimer sur le réseau social sous un pseudonyme, suggère le député LR des Alpes-Maritimes. Le proche conseiller de Nicolas Sarkozy exploite le filon sécuritaire associé au risque terroriste.
Via Nice Matin, Eric Ciotti précise la portée de sa proposition. « Si le comportement [de l’internaute sur les réseaux sociaux] était contraire à la loi, les autorités auraient la possibilité de savoir qui se cache derrière ce compte en quelques minutes », justifie-t-il.
Au-delà de la question de la difficulté d’ériger une barrière technique pour des plateformes mondiales comme les réseaux sociaux et des moyens de vérification des identités à mettre en place (31 millions d’utilisateurs actifs en France rien que Facebook), il faudrait évaluer la pertinence de cette proposition du député LR qui serait forcément restreinte à un niveau national.
Cette orientation vers un contrôle de l’identité tendrait à transformer davantage les réseaux sociaux en auxiliaires de police. Alors que l’autorité publique (justice, police, administration) est déjà en mesure d’ordonner des réquisitions pour récupérer des éléments d’identification de l’internaute auprès des fournisseurs de services IT au sens large (hébergeurs, opérateurs télécoms, portails communautaires…).
Dans la vision d’Eric Ciotti, il s’agirait donc de gagner du temps sur les procédures pour traiter plus rapidement les présumées infractions signalées sur les réseaux sociaux (comme la diffusion de contenus illicites appelant à la haine par exemple).
Néanmoins, rattaché à l’actualité, il aborde un point sur lequel on ne peut pas rester indifférent. « Après chaque attentat, nous pouvons également lire des centaines voire des milliers de messages exprimant la haine de la France et glorifiant les terroristes qui l’ont attaquée », déclare-t-il dans Nice Matin.
La diversité des pratiques tolérées par réseau social embrouille davantage l’esprit. Si Facebook exige l’usage de son vrai nom dès l’inscription (avec une certaine ouverture à l’anonymat admise récemment), d’autres acteurs comme Twitter ou Snpachat se montrent plus ouverts sur l’usage des pseudonymes.
La polémique enclenchée par Eric Ciotti n’est pas vraiment nouvelle. En 2015, Christophe Léonard, député socialiste des Ardennes, évoquait déjà une vérification poussée de l’identité des nouveaux inscrits sur les réseaux sociaux. Mais il s’agissait à l’époque de suivre une idée du Parlement des enfants, évoquait Numerama à l’époque, au nom de la protection des mineurs.
Rappelons que, dans le principe, il est interdit d’adhérer en dessous de 13 ans. Mais l’avertissement du réseau social est largement bafoué dans la pratique.
Dans ce débat houleux, la question de la garantie de l’anonymat est sous-jacente. Le 13 juin, Alain Bensoussan, avocat spécialisé dans les problématiques numériques, a participé sur RFI à un débat sur le thème : « Faut-il interdire l’anonymat sur les réseaux sociaux ? ». Il a souligné que le droit à l’anonymat sur Internet de manière générale et sur les réseaux sociaux de manière plus particulière a été « une grande avancée du combat pour les libertés ».
Une contribution intéressante à (re)lire pour prendre du recul au nom du respect de la liberté d’expression. Même si ce principe est malmené en raison du contexte délicat lié aux menaces et aux assauts terroristes.
(Crédit photo : @ECiotti)
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